L'industrie du tourisme, réunie à Berlin pour le salon ITB, veut être prise en compte dans les plans de relance économique lancés un peu partout dans le monde et compte profiter du G20 à Londres pour défendre ses intérêts.

Le tourisme «doit être placé au coeur des mesures de soutien à l'économie», a déclaré le secrétaire général adjoint de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) Taleb Rifai au cours d'une rencontre avec la presse étrangère à Berlin dans le cadre de l'ITB, qui ouvre ses portes mercredi.Même si ce secteur souffre moins que d'autres de la crise, selon lui, les gouvernements doivent «lui accorder une attention» toute particulière. Car le développement du tourisme favorise les transports, la restauration ou encore la construction, a-t-il énuméré.

Il ne s'agit pas de demander des aides spécifiques, comme pour l'automobile ou les banques, mais de s'assurer que les infrastructures touristiques profitent des mesures d'aides publiques.

L'OMT, organisation de l'ONU dont le siège est à Madrid, table sur une stagnation du nombre des arrivées de touristes cette année, voire sur un recul de 2%, après une hausse de 2% en 2008 à 924 millions, a rappelé M. Rifai. Et ceci pourrait même être pire, a prévenu le porte-parole de l'organisation Geoffrey Lipman.

«Les premiers effets» de la tourmente économique se font sentir, a reconnu Klaus Laepple, président de la Fédération allemande du tourisme, pendant une conférence de presse à l'ITB, la plus grande foire mondiale du tourisme qui réunit près de 11 100 exposants représentant 187 pays.

Par conséquent, l'OMT veut profiter de la réunion début avril à Londres du G20, qui regroupe les principales nations développées et en développement et au cours duquel la crise économique sera au coeur des débats, pour faire entendre sa voix.

L'organisation a déjà entamé une campagne de lobbying auprès des responsables politiques, a fait savoir M. Lipman. Il s'agit de leur dire : «assurez-vous que ce que vous faites favorise les déplacements».

Il a notamment plaidé en faveur de politiques fiscales plus favorables, citant en exemple Bangkok qui envisage d'abolir pour un temps les taxes sur les visas pour les étrangers. Les revenus du tourisme représentent environ 6% du produit intérieur brut de la Thaïlande, qui souffre d'une baisse du nombre des visiteurs à cause de la tourmente financière.

M. Laepple a défendu pour sa part l'idée d'une fiscalité réduite pour la restauration en Allemagne. Les membres de l'Union européenne viennent de se mettre d'accord sur une baisse de la TVA dans ce domaine pour les pays qui le souhaitent, mais le ministre des Finances allemand Peer Steinbrück a déjà fait savoir que Berlin ne comptait pas utiliser cette possibilité.

La situation actuelle ne doit pas en tout cas servir de prétexte à un repli protectionniste, avertit l'OMT, certains pays incitant leurs habitants à visiter leurs propres régions. C'est le cas par exemple aux Pays-Bas, où le secrétaire d'Etat à l'Economie Frank Heemskerk a jugé récemment qu'il s'agissait d'une démarche «patriotique».

«C'est un sujet d'inquiétude», a reconnu le porte-parole de l'OMT, même s'il dit comprendre cette réaction. Pour M. Lipman, une démarche à suivre est celle de la Chine : Pékin promeut son tourisme intérieur, tout en encourageant les voyages à l'étranger pour rééquilibrer ses échanges commerciaux avec d'autres pays.