Plus de cinq siècles après les voyages de Christophe Colomb, voilà que d'autres émissaires espagnols débarquent en Jamaïque. Oubliez l'esclavage et la christianisation, ceux qui débarquent dans l'île ces temps-ci y sont pour ouvrir de mégahôtels, offrant du même coup plus de choix aux touristes en quête de soleil.

Les nouveaux arrivants s'appellent Bahia Principe, Iberostar et le Groupe Fiesta (les hôtels Palladium). Leurs constructions n'ont rien à voir avec les petits hôtels où ont longtemps débarqué les touristes rastas en mal de marijuana et de Bob Marley. Les nouveaux hôtels font dans le grandiose, avec leur nombre de chambres qui frôle le millier, les piscines qui s'additionnent et leurs salles qui peuvent accueillir des mariages de familles nombreuses.

 

Bref, l'offre hôtelière s'est transformée en moins de cinq ans. Une métamorphose qui se poursuit, des phases additionnelles étant dans les cartons des promoteurs espagnols.

«Je ne vois pas la crise (économique). On est à 60 % et ça va devenir plein dans quelques jours», confiait avant les Fêtes Tomas Fernandez, directeur du Gran Bahia Principe. Son hôtel tout neuf, qui compte déjà 686 chambres, devrait en avoir trois fois plus si toutes les phases prévues vont de l'avant.

Déjà, le site a un petit côté Las Vegas, avec ses longs corridors et ses chambres immenses. Un plan des lieux est même nécessaire pour ne pas se perdre...

Et les locaux?

L'arrivée de ces nouveaux hôtels change la donne pour les visiteurs, on le comprend. Mais aussi pour l'industrie locale. Certains ont reproché aux Espagnols de ne pas investir suffisamment localement, de se contenter d'envoyer les profits en Espagne.

Jango, qui vend ses sculptures sur la magnifique plage de Negril, est un de ceux-là. «Quand tu marches sur la plage, tu vois que les touristes sont là, explique le rasta de 58 ans. Mais quand le soleil se couche, ils rentrent dans leur hôtel.» Bref, la manne lui passe sous le nez.

Ce que Jango constate, Rafaelle Demont et René Rechter, deux Suisses allongés non loin sur la plage, en vivent les conséquences. Comme les touristes sont peu nombreux à sortir de leur hôtel ou de leur tour organisé, les plus aventureux se font attendre avec une facture salée. «Ils vendent plus cher aux touristes qu'aux Jamaïcains», déplorent les deux touristes.

Dans cette industrie en chambardement, il y a toutefois des situations qui demeurent. Parlez-en à David Caso, directeur général du Grand Palladium. Au Mexique, explique-t-il, les touristes vont voir les mariachis et boivent de la tequila. Ici, ce qui en attire plusieurs, c'est encore cette fumée odorante officiellement interdite, officieusement tolérée. Les clients de son hôtel vont jusqu'à qu'à demander de la mari aux serveurs. «C'est la Jamaïque!» dit le DG.

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Les frais de ce voyage ont été payés par Nolitours et Vacances Transat.