Encore cette année, Tremblant figurait sur la liste des 20 meilleurs centres de ski d'Amérique du Nord (en 12e position, mais en première pour les stations de l'est du continent) dressée par les lecteurs du magazine Condé Nast Traveler. Le même magazine classait deux établissements de la station, le Fairmount et le Westin, aux 13e et 19e rangs des meilleurs hôtels de villégiature canadiens. Même s'il est distribué au Canada, le gros du lectorat du Condé Nast est composé d'Américains. Et en cette période où les indices boursiers glissent sur de vertigineux dénivelés, on peut se demander si Tremblant, que tous les magazines et sites spécialisés identifient régulièrement comme la meilleure station de ski dans l'est du continent, réussira à préserver ses acquis sur un marché américain en récession. La même question s'applique au marché ontarien à l'économie anémiée par les problèmes de l'industrie automobile.

 

C'est qu'à Tremblant, deux touristes sur trois (le terme «touriste» désigne un individu qui passe au moins une nuit sur place, contrairement à «l'excursionniste» qui n'y fait qu'un saut d'une journée) viennent de l'extérieur du Québec. Sur près de 500 000 touristes qui fréquentent la station en hiver, 28 % viennent des États-Unis et 35 % de l'Ontario. «Le Conference Board a interrogé les Américains sur leurs intentions de voyages et il en ressort qu'ils continueront à voyager, mais qu'ils iront moins loin et moins longtemps, indique Alain Brochu, vice-président ventes et marketing de Tremblant. Cela devrait nous avantager, puisque nous recrutons l'essentiel de notre clientèle américaine dans le nord-est des États-Unis, c'est-à-dire dans un rayon de six à huit heures de route. Une famille de quatre personnes de New York ou du New Jersey aura le choix entre acheter des billets d'avion (500 $ à 600 $ chacun) pour aller au Colorado ou venir en voiture à Tremblant. Le fait que le dollar amèricain ait effectué la remontée que l'on sait nous avantagera également.» Actuellement, les réservations en provenance des États-Unis sont en faible hausse, comparativement à l'an dernier, alors qu'elles sont stables sur le marché ontarien et en légère baisse sur le marché québécois. Selon Alain Brochu, le skieur qui voyage régulièrement pour pratiquer son sport est moins sensible aux fluctuations de l'économie que le touriste d'agrément, qui n'a d'autre but que de visiter une ville ou une région.

Tremblant investira beaucoup d'argent sur les marchés de New York et de Toronto. «Cette année, nous avons joint nos efforts à ceux de Tourisme Mont-Tremblant, qui fédère notamment tous les établissements d'hébergement situés hors station, remarque Alain Brochu. «Ensemble, nous disposons d'un budget de promotion de plus de 1 million, ce qui nous permettra de bénéficier d'une bonne visibilité sur nos marchés extérieurs.»

La station sera facilement accessible par avion puisque, à partir du 19 décembre, Continental Airlines exploitera quatre vols hebdomadaires entre Newark (un des trois aéroports de New York) et le petit aéroport de la Macaza, rebaptisé Tremblant International. Porter Airlines assurera, pour sa part, cinq vols par semaine au départ de l'aéroport de Toronto-centre-ville.

Tout comme les Québécois qui y séjourneront, les Américains et les Ontariens auront accès aux «premières traces». Ainsi, ils pourront dévaler les pistes dès 8h30, c'est-à-dire 30 minutes plus tôt que les skieurs du jour. «Cela leur permettra de profiter des conditions de neige fraîche», observe Alain Brochu. Et - autre nouveauté - ils pourront amener leurs enfants et leurs ados aux activités de soirée organisées tous les jours pour les jeunes à la base de la montagne.

Cette année, la station n'ouvrira pas de nouvelles pistes et n'agrandira pas son parc hôtelier. Il faudra attendre l'été prochain pour que l'inauguration d'un casino (qui, en dimensions, ressemblera à celui de Charlevoix) sur le Versant Soleil incite des investisseurs à tapisser le flanc de la montagne de nouvelles unités d'hébergement.