En quatre ans, le site québécois Travel Alerts (Alertesvoyage. ca pour la version francophone) s'est taillé une part appréciable sur le marché des sites consultés par les consommateurs en quête de billets d'avion et de voyages à bas prix.

L'entreprise, gérée depuis le Vieux-Montréal par ses deux fondateurs, Jérôme Guidollet et Eduardo Mandri, envoie tous les mercredis une liste d'aubaines à 550 000 abonnés canadiens. La version française, lancée en janvier dernier, rejoint maintenant 125 000 Québécois.

«Elle n'est encore diffusée qu'au Québec, parce que nous n'avons pas eu le temps de nous attaquer au marché des francophones des provinces atlantiques», explique Jérôme Guidollet.

En fait, Travel Alerts diffuse six bulletins d'offres chaque semaine: un pour chaque région géographique du Canada. Dans l'édition québécoise de la mi-novembre, on trouvait une liste de 18 propositions portant sur des départs de Montréal, Québec ou Ottawa, parmi lesquelles un billet d'avion pour Orlando à 32 $ (en réalité 237 $, une fois les taxes incluses), un forfait dans un «quatre-étoiles» de Cayo Coco à 657 $ (877 $, taxes incluses) ou encore une voiture de location à 7 $ par jour (à Boston, assurances non comprises).

Les fournisseurs sont des compagnies aériennes comme WestJet, des agences de voyages spécialisées dans la revente à bas prix comme Voyages Bergeron ou iTravel 2000 ou encore des sites de croisières comme CruiseCheap. com.

«Nous traitons avec une cinquantaine de fournisseurs qui nous rémunèrent au nombre de clics que nous dirigeons sur leurs sites, explique Jérôme Guidollet. Pour compléter l'offre, nous affichons aussi des aubaines proposées par une cinquantaine d'autres fournisseurs.»

Le site dispose aussi d'une option «recherche» qui permet de débusquer les meilleures offres pour des vols, des forfaits, des hôtels ou des voitures de location.

«Nous savons que le quart de nos abonnés ouvrent régulièrement le bulletin qu'ils reçoivent par courriel et que cela génère environ 80 000 clics par semaine chez nos clients», poursuit M. Guidollet.

Le principal concurrent d'Alertesvoyage est le géant américain Travelzoo, qui a adopté le même modèle de fonctionnement. Il compte 14 millions d'abonnés sur trois continents (c'est-à-dire de personnes qui ont accepté de recevoir un bulletin par courriel chaque semaine), dont 700 000 au Canada.

On peut aisément imaginer que la petite entreprise québécoise dirigée par Jérôme Guidollet et Eduardo Mandri sera un jour rachetée par Travelzoo ou par un autre géant américain. Car dans le joyeux monde de la vente de voyages et de produits touristiques sur l'internet, on assiste à une concentration entre les mains d'une petite poignée d'acteurs.

Le principal est Expedia, qui contrôle directement ou, par filiales interposées, une bonne vingtaine de sites populaires. Ainsi, Expedia a racheté TripAdvisor, en 2004. Ce faisant, le géant de la vente en ligne se portait aussi acquéreur de Cruisecritic, Virtualtourist, Seatguru, Independantraveler, Holidaywatchdog Airfarewatchdog, BookingBuddy, Smartertravel et plusieurs autres, qui étaient des compagnies détenues par TripAdvisor Media Network.

On pourrait allonger la liste en nommant les entreprises qui sont des filiales directes d'Expedia : Hotwire, Hotels.com, ClassicVacations, eGencia, et j'en passe De nombreux consommateurs se plaignent de ne plus savoir où donner de la tête, tellement il y a de sites. Ils ont tort: les filiales des grands groupes utilisent les mêmes moteurs de recherche et aboutissent donc presque toujours aux mêmes résultats. Des résultats qui peuvent changer de minute en minute, puisque les transporteurs aériens, par exemple, révisent continuellement leurs tarifs.

La concentration de l'offre sur l'internet se poursuivra, parce que chaque fois que de jeunes entrepreneurs talentueux connaissent le succès avec un nouveau produit, les grands acteurs s'y intéressent.