Allons-y, étape par étape, si vous le voulez bien. Première étape: à six heures du mat', debout là-dedans! Un bon chapeau, une bouteille d'eau, des sandales brunes. Let's go!

Deuxième étape: choisissons le billet. Pour une journée, 21 dinars (30 dollars US), 26 dinars pour deux et 31 pour trois. Selon moi, une (grosse) journée, c'est amplement suffisant. À moins d'être archéologue, ou lent comme une tortue, ou les deux.

Au guichet, on vous offre un plan, avec photos et brèves descriptions des principaux points d'intérêt... En allemand. Danke schon? Deutsche nicht sprechen!

- Vous n'avez pas de plan en français?

- Non.

- En anglais?

- Non.

- En espagnol?

- Si.

Mon espagnol est meilleur que mon allemand. Mais pour trente piasses, ils auraient pu se forcer, sacr...

Puis, avant de passer le détecteur de métal de l'entrée, on vous remet un questionnaire (sexe-âge-nationalité, etc.) à remplir pour le Tourism Board of Jordan.

- Parrrdoon? Vous avez le questionnairrre en suédoize?, que je leur ai fait avec mon gros accent de Abba.

- Non.

- Tant pis pourrr toi.

Je l'ai remis vierge sur le comptoir. Un à un mon grand.

Vous entrez. Devant, un long chemin de terre disparaît entre deux collines. Le temps d'une grande inspiration, vous êtes aussitôt envahi par les conducteurs de chevaux, de chameaux, d'ânes, d'alouette! Et aussi par des guides qui vous balancent sous le nez une carte d'identité avec le sceau officiel du gouvernement. Un bout de papier qu'un enfant de huit ans peut reproduire sur un ordinateur Fisher-Price (si vous voulez d'un guide ou d'un animal, vous le louez au comptoir). À six heures et demie du matin, heureusement, ils sont peu nombreux et pas du tout agressant. Un non poli suffit pour qu'ils aillent se rendormir.

Troisième étape, vous arrivez au Siq. Un spectaculaire corridor de 1,2 kilomètre de long, entre deux parois rocheuses ROSES de 80 mètres de haut. À sept heures du matin, lorsque le canyon est silencieux... C'est fabuleux. Cette promenade d'intro vaut à elle seule le prix du billet. Et je crois sincèrement que toute la force de l'impact du site de Pétra s'alimente de ce passage étroit obligé, de cette sombre (et symbolique) traversée du «tunnel». Avec, au bout, la découverte de la... «lumière». WOW!!!

Si c'est beau, Pétra? Je l'ignore, mais c'est gros. Que dis-je! Monumental.

Perso, je n'y ai vécu qu'une seule déception.

Autant, le matin, on y tâte une espèce de communion avec l'espace, autant l'après-midi, c'est le cirque...

À un endroit où, plus tôt, vous avez admiré, contemplatif, la splendide variante de tons de la pierre - on dit ici qu'elle a 24 couleurs! - se tiennent maintenant des figurants qui recréent une scène de village, avec des costumes d'époque, des bas golf blancs et sans aucune conviction. Un des gardes était affalé sur sa lance, comme Ken Dryden, lorsque, ennuyé de voir toujours son équipe dans la zone adverse, il s'appuyait sur son bâton. Un supposé ferblantier battait une lame de sabre avec un marteau sur un étau, en faisant un vacarme du tonnerre. Et tout autour, bourdonnaient cent touristes qui prenaient mille photos en criant.

Puis, les vendeurs du temple avaient pris place. Tout le long du parcours, fusaient les «One dinar! Good Price!»

Devant un comptoir, j'ai sorti un dinar de ma poche. En échange, le monsieur m'a offert ce qui ressemblait à une pièce de monnaie ancienne.

- Antiquité?, que je lui ai demandé.

- Non... Made in Taiwan! Mais à la maison, ils n'y verront que du feu, qu'il m'a promis.

* * *

Des conseils?

Ne ratez pas l'autel des sacrifices, d'où la vue est imprenable, le Monastère Ad-Deir (l'après-midi, il est ensoleillé), et les tombeaux. Avant de quitter, installez-vous au bout du tunnel, d'où les visiteurs aperçoivent, pour la première fois de leur vie, le premier bâtiment, le Al-Khazneh, celui de toutes les cartes postales.

Et contemplez les visages qui s'éclairent.

Elle est là, la merveille.