Ce n'était pas un adieu, mais bien un au revoir: Bruno Blanchet revient dans nos pages. Après avoir tenu la chronique «La frousse autour du monde» pendant près de trois ans, il s'est offert une petite pause, histoire de se «remettre sur le piton». Sa nouvelle chronique hebdomadaire, il l'a baptisée «Les vacances de Monsieur Bruno». Ou comment passer des vacances dans des destinations qui ne se trouvent habituellement pas dans les brochures des agences de voyages...

Un été chaud

Ah... les vacances! Faites fi de ce que l'on vous a prédit dans l'almanach, ne vous préoccupez pas des prévisions météo. Je vous jure qu'ensemble, on va passer un été chaud!

Je sais, ça sonne comme un slogan d'émission de télé estivale où vous apprendrez encore une fois «comment appliquer de la crème solaire sur vos mollets», mais je n'ai pas la prétention de réinventer la roue. À partir de la semaine prochaine, dans cette nouvelle chronique touristique d'été divertissante et ensoleillée, c'est sur un même ton espiègle et enjoué que nous visiterons... le Proche-Orient. Boum! Ratatatata! Destinations? Syrie, Liban, Jordanie, Iran, Égypte et Libye.

C'est le plan. Je ne peux vous promettre qu'il sera respecté à la lettre, parce que la situation politique de cette région étant, comme vous le savez, potentiellement explosive, il se peut que certains petits détours et changements à l'itinéraire soient obligatoires et/ou fortement conseillés.

Mais soyez assurés que vous en aurez pour votre argent! Et puis, je me suis tellement ennuyé de vous...

Pourquoi des vacances au Proche-Orient?

Parce qu'il paraît que c'est beau, pas cher et excitant. Et parce qu'il faut se dépêcher d'y aller, avant qu'un champion de guerre n'appuie sur un gros bouton. Alors...

Comment se sont déroulés vos trois derniers mois? Bien, je l'espère. Depuis la dernière chronique de «La frousse autour du monde» (NDLR : le 24 mars 2007), moi, je suis passé de la Thaïlande au Népal, puis des Émirats arabes unis à la Turquie. Rapidement, mon projet de vivre en Thaïlande s'est révélé une fausse bonne idée; le Népal était triste sous la pluie (à visiter en hiver?); Dubaï est une aberration extraordinaire de béton aux confins du désert (à voir!); et la Turquie, un sapré beau pays fleuri – où il y a tant de roses qu'on en fait de la compote – qu'il faut parcourir pépère au mois de mai, à bord d'autocars confortables dans lesquels on vous sert les petits gâteaux et le thé. Je vous écris aujourd'hui d'Ankara, la capitale de la Turquie. Une grande ville un peu ennuyante...

Des coups de coeur? Du Népal, je retiens le premier de l'an népalais à Bhaktapur, près de Katmandou, une célébration des plus étranges où les habitants du village font descendre à toute vitesse d'immenses chariots sans frein dans des rues trop étroites et essayent de s'enlever du chemin avant de se faire écrapoutir. Ha! Seulement deux morts cette année. Ce qu'on a ri...

De la Turquie, je retiens Istanbul la magnifique, et les villages troglodytiques de la Cappadoce. Hallucinant! Quelque part entre le village des Schtroumpfs et les Pierrafeu... À se poser la question : «Suis-je vraiment sur Terre?» Des scènes de Star Wars y ont été tournées, c'est vous dire.

La mode pour les touristes là-bas est de dormir dans une grotte. Deux mètres de large par trois de long, creusée en entonnoir, avec plafond de deux mètres à l'entrée et d'un mètre au fond. Rustique, vous dites? Un tapis, un lit, et le reste, du roc!

Fraîche le jour, ça promettait pour un bon dodo. Mais la nuit, brrrr! il fait si sombre là-dedans qu'on ne voit pas sa main à cinq centimètres de son visage. Et c'est alors que j'ai découvert un curieux phénomène : dans une noirceur de cette intensité, au bout d'un moment, la confusion s'installe; après cinq minutes, je ne savais plus si mes yeux étaient ouverts ou fermés. L'air est devenu lourd. L'espace suffoquant. Le silence, dur.

J'ai malgré tout réussi à m'endormir, mais je me suis éveillé en pleine nuit avec le pire mal de tête du monde. Je me sentais oppressé, j'avais de la peine à respirer. Cauchemar ou état de panique? Je me suis levé péniblement, et j'ai cherché une issue, à tâtons sur le mur de pierre et sur le plafond. Aaaargh... J'étais comme le mec de la légende urbaine qui se réveille dans un cercueil. Au secours!

Incapable de trouver la porte, je suis sorti en bobettes par la fenêtre. Et j'ai couché sur le balcon. La morale de cette histoire? N'est pas Fred Caillou qui veut. Allez! Rendez-vous en Syrie, la semaine prochaine. Même jour, même heure. Apportez votre costume de bain, et mettez de la 30.