Michel Perrier et Jean-Yves Beaudoin, deux retraités des Cantons-de-l'Est, pêchent la truite en compagnie de leurs amis dans la réserve du Saint-Maurice depuis environ 20 ans. Cette habitude se comprend vu la quantité et la taille des poissons capturés dans cette réserve faunique située entre Shawinigan et La Tuque.

«Les truites sont plus grosses ici», lance Jean-Yves, l'oeil pétillant après une bonne pêche. Son groupe a capturé un omble de fontaine d'environ 43 cm (17 pouces) et pesant un peu plus d'un kilo (presque 2,5 livres) durant son séjour dans le secteur Wessonneau (dans le nord-est de la réserve).

Ils sont un peu plus de 688 000 à détenir un permis de pêche québécois. Les voyages de pêche, c'est l'occasion de philosopher dans une chaloupe, de tenter de capturer son plus gros poisson à vie et, disons-le, d'écluser quelques bières entre amis.

Après les Laurentides, la Mauricie est la deuxième région qui accueille le plus de pêcheurs au Québec, selon une étude du ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec. Près de 123 000 «adeptes» de pêche ont visité la Mauricie en 2000, les données les plus récentes à ce sujet.

La Mauricie se trouve à une distance raisonnable de la région métropolitaine (environ trois heures). Et la pêche y est bonne. Chaque région, réserve faunique ou pourvoirie possède un endroit mythique où les pêcheurs aiment retourner.

Dans la réserve faunique du Saint-Maurice, le lac Saint-Thomas attire ainsi les amateurs de mouchetée. Sur ce grand lac parsemé d'îles, les captures pesaient en moyenne 863 grammes en 2007 et il n'est pas rare de voir des truites faire osciller la balance à 1,3 kg (3 livres), selon le directeur de la réserve, Charles Côté.

Pendant qu'on se bouscule pour le Saint-Thomas, d'autres lacs donnent des résultats tout aussi amusants. Environ deux heures ont suffi pour capturer une quinzaine de truites sur le lac du Portage. Les ombles de fontaine mordaient à pleine bouche sur les vers installés derrière un long avançon et une cuiller baladeuse gaufrée (Toronto Wobbler). Cette journée-là, elles ignoraient toutefois les mouches de type «muddlers» installées sur une soie calante.

Plusieurs truites avaient plus de 600 g (1,3 livre). Le scion de nos cannes pliait sous leur poids. Les truites bataillaient ferme pour éviter l'épuisette. Dans un ultime effort, elles sautaient même de l'eau pour notre plus grand bonheur.

La grise du lac Normand

La réserve du Saint-Maurice comporte aussi quelques lacs avec du touladi aussi appelé truite grise. Plusieurs visiteurs du lac Normand ont laissé des photos de leur «trophée» dans le chalet des gardiens. On y a déjà pris des poissons de plus de 10 kg.

Plusieurs pêcheurs rencontrés sur place revenaient avec leur quota de deux touladis. La plupart des prises avoisinaient les deux livres (900 grammes). Pour notre part, nous avons lancé nos lignes dans le lac Baude et en moins d'une heure, nous avons capturé trois touladis, dont un dépassait les deux livres.

Le lac Normand abrite aussi une curiosité : des saumons kokani. L'introduction de ce poisson remonte à Expo 67. Quelques dizaines de milliers d'alevins étaient exposés dans un pavillon. À la fin de l'exposition, les poissons ont été transférés dans ce lac. Et on y en a pêché quelques-uns au cours des 30 dernières années. On ne recense toutefois aucune prise depuis trois ans.

Il existe aussi de beaux lacs pour la truite mouchetée dans le nord-ouest de la réserve à quelques kilomètres du lac Normand. Les gardiens ont toujours quelques bonnes suggestions. Maxime et David nous ont expliqué que les truites de ce petit lac de moins d'un kilomètre de long devaient leur forme «bedonnante» à leur régime de salamandres et de sangsues. Ils avaient raison. Elles étaient non seulement plus grosses, mais plus combatives qu'ailleurs. Mais je ne vous dis pas où ça se trouve, un pêcheur protège tout de même quelques informations.

Repères

> Le trajet

De Montréal, il faut compter environ trois heures de voiture pour se rendre jusqu'à l'accueil de la réserve faunique du Saint-Maurice, située aux abords de la route 155, peu après Shawinigan. Il faut ensuite prévoir jusqu'à une heure de voiture dans la réserve pour atteindre son chalet. Les routes sont accessibles à toutes les voitures, mais un véhicule 4x4 facilite et accélère les déplacements.

> L'hébergement

Cinq chalets récents et un camping avec services se trouvent sur les rives du lac Normand, qui compte de belles plages de sable à proximité. C'est un endroit où on peut passer ses vacances, avec ou sans sortie de pêche. Les chalets sont toutefois regroupés. Il faut donc aimer le voisinage. La réserve faunique comprend aussi des chalets plus âgés dans trois autres sections de la réserve. Certains datent même de l'époque du Club de pêche Laurentien, l'ancêtre de la réserve. Ils sont parfois plus petits, mais ils ont du cachet.

> Le coût

La réservation d'un séjour de pêche comprend l'hébergement dans un chalet tout équipé, les droits d'accès pour la pêche et les embarcations. Les prix varient selon le nombre de personnes et selon la période de l'été. En haute saison, il faut compter de 76 $ à 79 $ par personne par jour pour un groupe de quatre personnes. Sans compter la nourriture, son équipement et un moteur.

> Planifier des vacances de pêche

Il existe deux excellentes sources d'information pour planifier des vacances de pêche au Québec.

La Fédération des pourvoiries du Québec regroupe des centaines de pourvoyeurs. Son site internet (www.fpq.com) permet de trouver des pourvoiries selon les régions ou les espèces de poissons. La plupart des pourvoiries ont aussi des sites internet. La Fédération publie également un guide en vente dans les boutiques de pêche.

De son côté, la SEPAQ administre des réserves fauniques partout en province. Son site internet (www.sepaq.com) fournit toute l'information et permet de réserver des séjours. Il y a aussi un service téléphonique : 1 800 665-6527

Pour trouver sa destination, le bouche-à-oreille n'a pas son pareil. Attention : les pêcheurs ont tendance à garder secrets les meilleurs endroits...

Le retour des pêcheurs

La popularité de la pêche connaît une augmentation après avoir atteint un creux historique vers 2005. Les familles et les jeunes s'intéressent davantage aux voyages de pêche, indique Jean-François Dumont, analyste en réglementation à Faune Québec.

En 2005, Québec a enregistré la vente d'environ 659 000 permis de pêche, le plus petit nombre de la dernière décennie. En 1997, environ 709 500 pêcheurs avaient un permis en poche. En 2007, la vente de permis a repris du poil de la bête pour atteindre 688 381. L'année 1991 avait été la plus faste, avec la vente de près de 744 000 permis.

Faune Québec pense que la promotion de la pêche par l'entremise de la «Fête de la pêche» a porté ses fruits. Plusieurs activités spéciales sont organisées durant trois jours à la mi-juin pour initier les jeunes à la pêche. «De plus en plus de jeunes familles choisissent la pêche pour leurs vacances. Ils cherchent un endroit isolé», précise M. Dumont.

Les territoires de pêche sont aussi plus faciles d'accès avec le développement des routes. Autre facteur: les femmes s'intéressent davantage à cette activité, qui est traditionnellement l'apanage des hommes.

L'assouplissement des règles de pêche auraient aussi eu un effet positif. Depuis quelques années, un seul permis suffit pour un couple et leurs enfants de moins de 18 ans. Les étudiants de 18 à 24 ans peuvent aussi pêcher avec leurs parents sans se procurer un permis.

Les adeptes de la pêche sont toutefois vieillissants. Le pourcentage de pêcheurs âgés de plus de 45 ans a presque doublé entre 1985 et 2004, selon des statistiques de Faune Québec. Plus de la moitié se retrouvent dans ce groupe d'âge, d'où l'importance de former la relève.

Les meilleurs endroits

Pour vous aider à planifier vos voyages de pêche, nous avons demandé à des passionnés quels étaient leurs endroits préférés, selon le type de poisson que l'on veut attraper. Daniel Robitaille, guide de pêche professionnel, nous fait part de ses endroits de prédilection pour la pêche au doré, à l'achigan à petite bouche et au brochet. Paul Leblanc, propriétaire de la boutique Salmo nature à Montréal et coauteur du livre La pêche à la mouche au Québec, partage ses coups de coeur pour la pêche à la truite mouchetée et au touladi. Pierre Manseau, saumonier et membre de la Fédération québécoise du saumon atlantique, fait ses recommandations sur les meilleurs endroits où pêcher le saumon.

> Doré

1) Réserve faunique Ashuapmushuan, Saguenay-Lac-Saint-Jean

2) Lac Saint-Pierre (élargissement du fleuve Saint-Laurent), Centre-de-Québec

3) Pourvoirie Kapitachuan, Abitibi-Temiscamingue

> Achigan à petite bouche

1) Lac des Deux-Montagnes, Montréal

2) Lac Nominingue, Laurentides

3) Lac Massawippi, Cantons-de-l'Est

> Brochet

1) Réserve faunique Ashuapmushuan, Saguenay-Lac-Saint-Jean

2) Lac Saint-François (élargissement du fleuve), Montérégie

3) Rivière Shipshaw, Saguenay-Lac-Saint-Jean

> Truite mouchetée

1) Seigneurie du Triton, Mauricie

2) Pourvoirie Nemiskau, Mauricie

3) Domaine Bazinet, Lanaudière

> Touladi

1) Lac Mistassini, Pourvoirie Aigle pêcheur, Nord-du-Québec

2) Lac Memphrémagog, Cantons-de-l'Est

3) Fairmont Kenauk, Outaouais

> Saumon

1) Rivière Bonaventure, Gaspésie

2) Rivière Matane et Rimouski , Bas-Saint-Laurent

3) Rivière Sainte-Marguerite, Saguenay-Lac-Saint-Jean

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Les frais de ce voyage ont été payés par la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ).