Les Cantons-de-l'Est sont devenus la troisième destination mondiale à conclure une entente de partenariat avec le Centre mondial d'excellence des destinations (CED), après la ville de Mexico et la vallée du Douro, au Portugal.

Basé à Montréal, le CED a été mis sur pied par l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) pour inciter les destinations touristiques à respecter certaines normes de qualité et de développement durable. Ses experts procéderont, cet automne, à une série d'évaluations qui permettront de mesurer la qualité de l'expérience touristique offerte par les Cantons.

«Au Québec, nous avons toujours tendance à trouver que nous sommes les meilleurs, parce que nous nous comparons surtout entre nous, mais l'entente avec le CED nous fournira l'occasion de nous comparer à d'autres destinations internationales et non des moindres», explique Alain Larouche, directeur général de Tourisme Cantons-de-l'Est.

Une vingtaine d'autres destinations à travers le monde mènent actuellement des pourparlers pour être évaluées par le CED et le nombre de candidats devrait se multiplier au cours des prochaines années.

À l'avant-garde

Les Cantons-de-l'Est cumulent les distinctions depuis longtemps. Aucune autre destination touristique de la province n'est montée aussi souvent sur le podium des Grands Prix du tourisme québécois: 29 fois en cinq ans. Aucune ne compte autant de parcs nationaux, soit quatre: le parc du Mont-Mégantic, le parc du Mont-Orford, le parc de la Yamaska et le parc national de Frontenac. Les Cantons-de-l'Est ont été (et restent) la première région à avoir lancé trois routes touristiques: la Route des vins, le Chemin des Cantons, axé sur le patrimoine, et la Route des sommets, qui frôle les plus hauts sommets du Québec méridional (notamment le mont Gosford, qui culmine à 1193 mètres, et le mont Mégantic, à 1105 mètres).

Ce fut aussi une des premières régions touristique à négocier un virage vert. «Nous veillons à ce que les citoyens participent à la gestion des parcs et c'est cela qui a d'ailleurs provoqué tant de levées de boucliers dans l'affaire du mont Orford», dit Alain Larouche.

Le parc national du Mont-Mégantic a été reconnu comme une «réserve de ciel étoilé» (International Dark Sky Reserve), en 2007. Cette reconnaissance est décernée par l'International Dark-Sky Association, une organisation internationale qui s'emploie à limiter la pollution lumineuse, notamment pour permettre aux observatoires astronomiques de poursuivre leurs activités. Depuis 2003, l'ingénieure Chloé Legris, attachée à l'Observatoire du mont Mégantic, s'est employée à convaincre les élus, les entreprises et les agriculteurs de la région de modifier les habitudes et l'éclairage extérieur, en remplaçant les ampoules et néons traditionnels par des lampes au sodium directionnelles, par exemple. Cinq ans plus tard, le ciel de la région avait retrouvé son apparence nocturne des années 60.

Sur le plan touristique, les Cantons-de-l'Est affichent des performances paradoxales: le nombre de chambres d'hôtel diminue, mais le nombre de touristes augmente. Au cours des 10 dernières années, la capacité du parc hôtelier a diminué de 20 %, passant de 5000 à 4000 chambres.

Par contre, les attractions ont enregistré une hausse de fréquentation marquée. Le zoo de Granby, par exemple, accueillait 600 000 visiteurs l'an dernier. Deux fois plus que voici 10 ans. Installé à Fitch Bay, au bord d'une des excroissances du lac Memphrémagog, Bleu Lavande, deuxième plus grand producteur de lavande en Amérique du Nord, a accueilli 160 000 touristes payants, l'an dernier.

Moins de touristes américains

«Ce ne sont pas tant les hôtels qui ont perdu en capacité que les motels, observe Alain Larouche. Nous avons basé notre marketing sur la gastronomie et la petite auberge où les hôtes sont accueillis par le propriétaire et on a enregistré une baisse de la demande pour les motels traditionnels. Beaucoup de ces établissements ont disparu. Et ce n'est pas à cause de la désaffection des Américains, car ils ont été remplacés par les villégiateurs québécois et ontariens.»

Au cours des cinq dernières années, les Cantons ont perdu la moitié de leur clientèle touristique américaine. «Après la guerre en Irak, nous avons vécu un véritable crash, dit Alain Larouche. Notre refus d'envoyer des soldats en Irak et de participer au déploiement du bouclier antimissile nous a fait perdre notre image de voisin-ami. C'est une crise politique. Mais nous avons compensé en développant les marchés québécois et ontarien.»

Contrairement à des régions comme Charlevoix ou la Gaspésie, le tourisme n'est pas le principal secteur de l'activité économique des Cantons. Il ne compte que pour 5 % d'un PIB annuel qui se chiffre à 10 milliards de dollars.