Les vacances d'environ 2000 mordus du Moyen-Âge et de jeu de rôle se sont terminées dimanche dernier, avec la fin de la 13e Bataille de Bicolline. En clair, des centaines de femmes, hommes et enfants ont joué à fond leur rôle de prêtresse, magicienne, guerrier, chevalier, barbare, elfe ou gitane pendant cinq jours à Saint-Mathieu-du-Parc, près de Shawinigan.

Samedi, je me suis présentée au Duché de Bicolline, un village médiéval reconstitué. Ça tombe bien, le samedi est la seule journée pendant laquelle il est possible pour les non-initiés (comme moi) de plonger dans l'univers surréaliste et, surtout, dépaysant de l'événement. Prix du voyage vers le Moyen-Âge? 60 $

Détail: il est impossible d'entrer sans endosser un costume de style médiéval. Pour l'occasion, les organisateurs m'ont prêté une robe. On m'a aussi demandé d'enlever mes verres fumés. Trop anachroniques!

Mais qu'est-ce qui peut bien se passer dans ce hameau mystérieux? Tout ce que j'avais comme référence sur le sujet était les scènes de bataille du plus récent film de Denys Arcand, L'Âge des ténèbres.

«Denys Arcand a déjà assisté à une Grande bataille, celle du dimanche, il y a quelques années», révèle Philippe Lottin, un des organisateurs.

Surprise! Les premiers personnages que je découvre sont non pas des guerriers, mais des enfants s'adonnant gentiment au jeu de rôle. Ils sont autour d'un oeuf et récitent une incantation afin d'éloigner les méchants «Teratos», un groupe composé de deux grandes prêtresses aux vêtements noirs de style gothique et au maquillage terrifiant.

«Ce jeu leur permet de comprendre le sens d'une quête, c'est-à-dire, l'art de résoudre un problème, ainsi que la différence entre le bien et la mal», explique Dominique Guindon alias madame Vaulter, un personnage de vautour fantastique. Chef d'atelier de costumes à l'Opéra de Montréal, elle a bien sûr confectionné sa tenue. Enceinte de six mois, elle arbore une superbe robe de maternité damassée à manches kimono et un boléro en brocart. Son masque est impressionnant et deux longues griffes ont été nouées à sa main droite.

«Je participe à la Bataille de Bicolline depuis 13 ans et je suis aussi une adepte des GN ou Grandeurs Natures, c'est-à-dire des quêtes d'une fin de semaine», confie-t-elle.

Ce qui l'attire ici? «L'esprit de vacances et surtout, retrouver mes amis», ajoute-t-elle.

Tout près de nous se trouve Yasmine, une gitane âgée de 8 ans. «Moi, j'aime ça ici parce que je me sens comme dans un film», dit-elle en faisant onduler sa jupette à piécettes.

Situé sur un immense terrain (plus de 100 hectares), le Duché de Bicolline est composé de 160 habitations, dont une auberge et plusieurs bâtiments de jeu.

Madame Vaulter m'entraîne jusqu'à sa maison, un fort en bois grisonnant où vivent ses confrères de la guilde Gorghor Baey. Au passage, nous nous arrêtons devant une joute de TrollBall où une tête de troll fait office de ballon. Les participants se «battent» avec des épées inoffensives, réalisées à partir de divers matériaux (mousse, latex ou polyuréthane expansé). Dont les prix oscillent entre 80 et 200 $.

Un peu plus loin, d'autres joyeux guerriers se livrent à une escarmouche.

Le plus étonnant est qu'il est facile de se laisser prendre au «jeu», car tout le monde participe sérieusement à ce théâtre en plein air. Surtout, le village ne fait pas carton-pâte puisque les habitants y construisent eux-mêmes leur habitation. «Même les guerriers sont chevaleresques!» assure Xeni, une guerrière de Saint-Eustache...

Enfin, le forfait d'initiation de samedi dernier a été populaire, selon Philippe Lottin. Au total, 50 personnes bien souvent accompagnées d'enfants ont plongé dans le Moyen-Âge pendant une journée.