«Là-bas, c'est Disney; ici, c'est la nature!» «Là-bas», c'est le village d'Intrawest à Tremblant. «Ici», c'est Côté-Nord, un complexe de villégiature composé d'une ancienne auberge et d'un parc de 70 chalets de bois rond disséminés dans la forêt sur un immense domaine en bordure du lac Supérieur.

Michel Beaulieu, président de Côté-Nord, se défend bien de dénigrer le village qui attire près de deux millions de visiteurs par année: il y a vécu de bonnes années, d'abord comme directeur de l'école de ski, puis comme directeur de l'exploitation. «Mais il y a une clientèle pour Tremblant, celle qui cherche l'animation, et une autre pour des complexes de villégiature comme le nôtre, celle qui privilégie le calme et la nature», dit-il.

On vient à Côté-Nord pour le ski - les remontées du Versant Nord de Tremblant sont à cinq kilomètres - pour la nature - l'entrée du parc national est à 10 kilomètres - ou encore pour le golf, puisqu'il y a six terrains haut de gamme à moins de 20 minutes de route. Les chalets, qui comptent de deux à cinq chambres, sont luxueux. La plupart ont été acquis par des Européens à des coûts variant de 475 000 $ à 850 000 $. «Ce sont des gens qui ont rêvé d'une «cabane au Canada», donc qui aiment la nature; mais ils sont aussi grégaires, alors nous leur donnons l'occasion de socialiser à l'auberge, soit au restaurant, soit sur la terrasse au bord du lac.»

Lorsqu'ils n'y séjournent pas, la plupart des propriétaires cèdent leurs chalets en location, à des tarifs variant de 220 $ (pour le chalet de deux chambres) à 400 $ par nuit (pour cinq chambres). Les suites de l'auberge (il n'y en a que quatre) sont louées au tarif moyen de 200 $ par nuit. Au restaurant Le Caribou, une jeune chef de la région, Suzanne Bouliane, sert une cuisine digne des plus grandes tables des Laurentides. Les hôtes peuvent requérir les services de «sherpas» qui leur organisent des activités - randonnées pédestres ou cyclistes, golf, ski - et accompagnent les participants.

Le concept - un centre de villégiature haut de gamme composé de maisons vendues à des étrangers, Européens pour la plupart, et offertes en location à une clientèle locale - devient de plus en plus répandu au Canada. On le retrouve un peu plus au nord, avec le Windigo, au bord du réservoir Baskatong. On le retrouve aussi à Terre-Neuve, avec le Humber Valley Resort, près de Corner Brook. Là-bas, les propriétaires de chalets sont pour la plupart des Britanniques, qui y viennent grâce à un vol nolisé qui dessert l'aéroport voisin de Deer Lake depuis Londres une fois par semaine.

Le succès de Côté-Nord est tel que Michel Beaulieu et son associé - un avocat de Montréal - se préparent à aménager un domaine à quelques kilomètres de là, sur une ancienne propriété - la Fraternité sacerdotale - qui servait de centre de retraite pour les religieux âgés. Le projet devrait être complété dans quatre ans. On y trouvera 92 chalets disséminés sur un terrain de 82 acres, un spa, une auberge, un centre pour les jeunes, mais aussi des boutiques et un restaurant qui seront également, espère Michel Beaulieu, fréquentés par les habitants du lac Supérieur. «Nous voulons reproduire un vrai village, pas un ghetto pour touristes», dit-il.