Le métier de chroniqueur de voyage n'est pas sans risque, vous vous en doutez bien. Mais quel est le pire qui puisse arriver à un reporter globe-trotter, perdu à l'autre bout de la planète?

Contrairement à la croyance populaire (?), le pire n'est pas de perdre ses bagages (un t-shirt et deux paires de bobettes, ça se remplace!), ni de se faire voler sa caméra ou de tomber malade (ça se guérit!); ça n'est pas de se voir refuser l'entrée d'un pays, d'oublier la date d'expiration d'un visa ou de rater un avion, non! Le pire qui puisse vous arriver, lorsque vous traitez de voyage, c'est de dire des bêtises au sujet d'un pays.

Et de ses habitants.

Or, je me suis trompé royalement, la semaine dernière; et je suis désolé si cela vous a induit en erreur et/ou forcé à changer vos projets de voyage et/ou de carrière; j'ai écrit trop vite, dans un moment de fatigue et de doute débilitant; mes énergies étaient réduites et, du même coup, ma capacité de négocier avec un entourage étranger. Autrement dit, je n'avais plus de guts.

Et par conséquent, aucun plaisir.

Je trouvais Taipei froide comme un supermarché. Moche comme un centre commercial. Trop safe. Trop propre. Trop bien habillée.

Et le baroudeur que je suis, avec mes sandales de hippie, ma casquette laide et mes chemises trouées trouvées dans les poubelles, toujours prêt à enfourcher un chameau, mais jamais à s'asseoir dans un chic resto, sentait qu'il ne fittait pas dans le décor; et ça me troublait.

En tous les cas, assez pour m'insécuriser.

J'avais vécu la même chose au Japon, où le «look» prend tellement d'importance... Et vous allez rire, mais j'avais ressenti le même malaise et la même pression à correspondre au «look» de quelqu'un qui est «quelqu'un», durant les deux dernières semaines du mois de novembre 2007, que j'ai passées à... Montréal. Ha! Alors, voyager à Taiwan?

Plus facile que ça, tu regardes par la fenêtre, et il fait beau, et ça sent bon le café, et le téléphone sonne, et c'est quelqu'un de vachement sympa, avec une belle grosse voix, qui t'annonce que tout est arrangé: à midi, tu recevras 2 millions de dollars, la nationalité cubaine, un hélicoptère, une caisse de 24 et une pizza extralarge toute garnie... En échange des trois otages.

Non, mais... C'tu assez facile à votre goût, ça? This is Taiwan, baby! (Avis aux chefs d'entreprise: je suis aussi disponible pour écrire de la publicité.)

Alors, aujourd'hui, mine de rien, nous terminons un troisième cycle d'écriture. Le plus court et le plus intense depuis quatre ans! Ce soir, vous verrez mon dernier reportage à la dernière émission de 3600 secondes d'extase (et, S.V.P., on croise les doigts, parce que, au moment où j'écris ces lignes, je n'ai pas encore trouvé de sujet, et on annonce des orages jusqu'à samedi), et je vais enfin pouvoir me poser pendant plus de sept jours dans un pays! Ouf. Finie la saucisse! L'idée de parcourir 13 pays en 13 semaines n'était pas mauvaise, mais je sens que je vous ai délaissé(e)s un peu, à l'occasion, au profit de la télévision... Sorry! Et je sens que Marc va me poser LA question: «Reviens-tu à la maison, Bruno, maintenant que la saison de télé est terminée?»

Et je sais que lui répondrai: «Non.» Rien que pour vous.

Je voudrais, en terminant, remercier sincèrement tous ceux et celles qui ont suivi 3600 secondes (que je n'aurai jamais vue!) et me prosterner à vos pieds, pour toutes les belles invitations et suggestions qui m'ont été faites.

Vous êtes brillants!

Alors, à une prochaine, au petit écran? Je ne sais pas... J'ai un projet avec mon fils, qui doit venir me rejoindre aussitôt qu'il aura vendu ses meubles... Quelqu'un a besoin d'un joli sofa et d'un ensemble de cuisine? C'est pas une farce! En attendant, nous continuerons notre voyage dans La Presse, comme tous les samedis, c'est promis; et ça commence la semaine prochaine avec les Philippines. Et j'ai un bon plan: aller en prison.