Darine rêvait de se réveiller chez sa grand-mère, dans la montagne surplombant Beyrouth, et de déguster un petit-déjeuner composé de confiture de fruits et d'une manousheh, la galette au thym libanaise.

Souhait exaucé cet été pour elle comme pour des dizaines de milliers de Libanais et d'étrangers qui ont pris d'assaut plages, restaurants et boîtes de nuit au Liban.

Une image aux antipodes de celle du pays qui était au bord de la guerre civile en mai.

«Chaque fois que je voulais venir, des combats éclataient ou l'instabilité régnait», affirme Darine Hakim, une femme d'affaires de 30 ans vivant à New York et venue préparer son mariage prévu en juillet 2009 à Beyrouth.

Le ministère du Tourisme attend entre 1,3 et 1,6 million de touristes en 2008, contre un peu plus d'un million en 2007 et 1.062 en 2006, année qui a vu les touristes bouder le Liban en raison de la guerre entre le mouvement chiite Hezbollah et Israël durant l'été.

Le nombre de touristes a augmenté de 97,5 % en juin 2008 (136 853) par rapport à juin 2007 (69 303).

«J'ai décidé de venir après l'accord de Doha», explique Nadim Saab, 58 ans, en allusion à l'accord interlibanais du 21 mai qui a mis fin à des violences ayant fait 65 morts début mai.

«Avant cela, (...) le pays ne semblait pas être un lieu sûr pour se divertir», affirme cet homme d'affaires basé aux États-Unis qui n'avait pas revu son pays depuis trois ans.

Assassinats politiques, guerre de 2006, combats dans un camp palestinien, crise politique aiguë et affrontements entre factions ont effrayé les touristes ces deux dernières années.

La situation du pays s'est améliorée avec l'accord de Doha, suivi de l'élection du président Michel Sleimane après six mois de vide présidentiel et la formation début juillet d'un gouvernement d'union nationale.

«Tous les vols vers le Liban affichent complets cet été», affirme-t-on à la compagnie aérienne nationale, Middle East Airlines.

«Le taux d'occupation des hôtels dépasse les 90 % à Beyrouth et les 75 % dans les montagnes contre 60 à 65 % l'année dernière dans la capitale», indique Pierre Achkar, président du syndicat des hôteliers.

Les chambres libres sont rares et louer une voiture n'est pas plus simple. «Il ne reste plus aucun véhicule à louer. Nous louons des voitures privées pour les sous-louer aux clients», affirme Tony Haddad, directeur de la compagnie HR Rentals.

Restaurants et boîtes de nuit sont en effervescence et les chanteurs Mika et Bob Sinclair ainsi que le célèbre DJ Tiesto doivent se produire à Beyrouth.

Le Sky Bar, la boîte de nuit ultra-branchée de Beyrouth pouvant accueillir jusqu'à 2000 personnes, affiche complet tous les week-ends jusqu'à la fin de l'été.

«Même en semaine, les réservations s'élèvent à 80 à 85 % de notre capacité», indique le directeur Adham Beainy, 29 ans.

Ces excellents chiffres auraient été meilleurs si la formation du gouvernement n'avait pas pris 45 jours. «En l'absence d'un gouvernement, les gens craignaient l'irruption d'un problème», a-t-il ajouté.

Selon M. Beainy, la majorité des touristes sont koweïtiens ou qataris, «les Saoudiens n'ayant été autorisés à venir qu'après la naissance du cabinet».

Riyad avait en effet sommé ses ressortissants de quitter le Liban en mars en raison de l'instabilité.

Des familles qui avaient réservé des suites et des appartements de luxe à 2000 ou 2500 $US/nuit, avaient annulé en raison du retard de la formation du gouvernement, selon M. Ashkar.

«Ils ont alors reporté leur choix sur Saint-Tropez ou Monte Carlo, mais reviendront peut-être en août», selon lui.

Mlle Hakim, elle, est déterminée. Elle se mariera à Beyrouth ou ne se mariera pas. «Si quelque chose arrive, j'attendrai. Un mariage au Liban n'a pas d'égal».