Plusieurs des établissements du Club Med ont été modernisés, avec ajouts d'équipements sportifs ou de services dans les chambres. Mais certains échappent encore à cette entreprise au repositionnement, dont Le Sandpiper, en Floride.

Au départ, l'infrastructure était très riche. À la différence de la majorité des autres sites, celui-ci n'a pas été aménagé par le groupe européen. Il a été plutôt acheté des Hilton, au milieu des années 80.

La rumeur veut que le père de Paris avait aménagé sur une de ses immenses propriétés un centre récréotouristique pour fortunés dont la principale caractéristique était que l'habillement y était «facultatif»...

La prude Amérique étant ce qu'elle est, le centre a vite attiré des curieux. Des complexes immobiliers s'en sont rapprochés, les riches fêtards se sont montrés gênés, et les Hilton ont mis le tout en vente.

Le Club Med a donc acheté un beau complexe, doté de plusieurs courts de tennis et d'un centre de congrès, transformé en amphithéâtre pour les spectacles vespéraux.

Surtout, les chambres y sont plus vastes qu'ailleurs et les walk-in assez vastes pour accueillir les caprices de tous les esclaves de la mode.

Le Sandpiper doit son nom aux nombreux bécasseaux qui viennent montrer leur plumage blanc ou bleu acier aux vacanciers qui lézardent aux abords d'une des cinq piscines du complexe. Contrairement aux goélands, ils ne sont pas dérangeants et se contentent de chasser les petits lézards qui abondent sous les palmiers et dans les jardins.

À la différence des autres clubs, le Sandpiper est loin de la mer. Il occupe plutôt une immense façade dans l'estuaire de la rivière St. Lucie, assez large pour y faire du catamaran. La mer est à une heure de route et les plages des alentours ne sont pas aménagées.

Par bonheur, les eaux de la rivière sont saumâtres, ce qui tient les alligators éloignés. On s'ébaudira néanmoins plutôt dans une des grandes piscines du club dont l'une est réservée aux adultes.

Les activités familiales sont nombreuses comme ailleurs. Ce qui distingue le Sandpiper, c'est surtout ses G.O. Ils sont presque tous citoyens américains. Les difficultés à obtenir la carte verte, le permis de travail aux États-Unis, limitent la rotation du personnel.

La langue de Moli���¨re peu parl���©e

Le multilinguisme, qui fait la force du Club Med ailleurs dans le monde, est ici très restreint. Malgré le fait que le tiers de la clientèle soit française, la langue de Molière y est peu parlée, souvent même mal orthographiée, en particulier pour l'identification des plats.

On peut s'accommoder de cette lacune, compte tenu du caractère bon enfant des G.O, toujours disposés à rendre service et à faciliter le séjour. Les jeunes enfants auront besoin de repères, cependant, au mini-club. Aux parents alors d'exiger qu'au moins un moniteur puisse s'adresser à eux correctement. Durant notre séjour, cela a été possible, mais il a fallu nous montrer vigilants.

Cela aura été aussi une bonne occasion pour Florence et Arnaud d'apprendre quelques mots dans la langue de Mordecai Richler.

Ils les ont vite mis en pratique pour aller quérir au bar tantôt une limonade, tantôt une sloche de piña colada ou un jus, accompagnés toujours de croustilles ou de bretzels.

La salle à manger est climatisée, ce qui est très avantageux le midi. Le soir, on préférera dîner dans l'immense véranda dotée de moustiquaires salutaires et où, fait exceptionnel, on peut réserver sa table pour prendre le repas en famille.

Comme partout au Club Med, on mange très bien au Sandpiper. Côté viande, on aura eu droit en une semaine au rôti d'agneau, de boeuf, de porc et de veau; au canard, au dindon et au poulet grillés.

Côté poisson et fruits de mer, le thon et le tilapia règnent, mais, en une semaine, on aura goûté aussi à du mahi-mahi, du mérou, de la plie et du saumon, à des crevettes, des écrevisses, des moules et des pétoncles.

Côté salades et desserts, la variété et les saveurs sont tout aussi abondantes. Seule réserve, la gamme de fruits est assez restreinte avec une très forte dominante pour la famille des melons.

Heureuse surprise enfin, la gamme des vins est beaucoup plus étendue que dans les autres clubs que nous avons visités. Il y avait des blancs américains et australiens, des rouges de ces deux pays ainsi que d'Italie et un rosé californien. Rien de transcendant, certes, mais des petits boires qui arrosent bien les petits festins quotidiens.