Le tremblement de terre qui a secoué la province chinoise du Sichuan en mai dernier n'a pas seulement endeuillé des milliers de familles. En partie détruite, cette province riche en sites historiques voit s'effondrer son économie locale.

«Nous avions des milliers de visiteurs chaque semaine», résume Dan Jia, maître taoïste, en nettoyant les restes du temple Erwangmio. Vêtu d'une robe grise couverte de poussière, Dan Jia ajoute: «C'est un temple ancien, mais il n'avait rien connu de tel.»

Une centaine de sites historiques - 45 nationaux et 59 provinciaux - ont été endommagés par le séisme du 12 mai, selon l'administration publique du patrimoine culturel, qui évalue les dommages subis à dix millions de dollars et estime que la reconstruction devrait prendre au moins deux ans.

Plus de trois millions de personnes ont visité Dujiangyan et ses environs l'an dernier, notamment le panorama qu'offre la montagne Qingcheng, rapportant à la région l'équivalent de 475 millions de dollars, a indiqué Ji Yanli, directrice adjointe du marketing pour le département du tourisme de Dujiangyan.

Mais depuis la catastrophe, les hôtels et les restaurants ont fermé, et il faudra des mois, voire des années, pour que les routes et les infrastructures soient à nouveau accessibles. Le manque à gagner économique est évalué à 288 millions de dollars, affirme Ji Yanli.

Selon elle, les dégâts auraient pu être pire encore. «Cela fait des années que nous essayons de préserver les monuments historiques. Ils sont rénovés régulièrement, ils sont donc solides», explique-t-elle.

Après le tremblement de terre, des sites historiques ont été convertis en abris d'urgence. Une quarantaine de membres de la communauté musulmane de la ville se sont installés dans leur mosquée, vieille de 500 ans, dormant et mangeant en ce lieu hautement touristique.

Dujiangyan est très dépendante du tourisme, il n'y a donc que peu d'espoir à court terme pour l'économie locale. Par chance, d'autres sites historiques, notamment le pont couvert et le système hydraulique de la ville, sont restés en grande partie intacts.

Depuis longtemps, la réserve naturelle de Wolong, à l'ouest de Dujiangyan, est une destination touristique de la province du Sichuan. Mais les enclos de ses élevages de pandas ont été très endommagés par la secousse, qui a également causé la mort de cinq membres du personnel.

Comme d'autres sites touristiques situés dans la montagne, Wolong a dû être fermé, en attendant les réparations et le rétablissement de l'électricité et de l'eau courante. Les conditions de vie y sont aujourd'hui si précaires que, la semaine dernière, le gouvernement chinois a livré en urgence près de cinq tonnes de bambou pour nourrir les 47 pandas encore présents.

Face à la demande massive d'abris, de nourriture et de soins médicaux, la restauration des sites historiques n'apparaît pas comme la priorité. Si quelques représentants officiels du ministère des Affaires religieuses ont visité les lieux depuis le drame, ils n'ont pas encore annoncé de plans de reconstruction, souligne le maître taoïste Dan.

De son côté, Ji Yanli assure que son service annoncera un plan de reconstruction le mois prochain, sans fixer de date précise pour le début des travaux.

«Notre plus grand défi est maintenant de nous assurer qu'il n'y aura plus de répliques», précise-t-elle. «Avant cela, pour la sécurité des ouvriers, nous ne pouvons pas envisager de reconstruire.»