La composition des produits industriels est parfois douteuse, le bio peut être cher : pourquoi ne pas essayer de fabriquer soi-même ses cosmétiques, ses produits ménagers, voire ses meubles, avant de se lancer dans la mise au point d'éoliennes ?

«La tendance au fait main se vérifie dans les magasins de bricolage», dont le chiffre d'affaires, en dix ans, «a été multiplié par deux», relève le sociologue Eric Donfu, spécialiste des transformations de la société contemporaine.

Le bricolage, note-t-il, «représente le premier poste de dépenses de loisirs des ménages, avec 786 euros par an, soit 21,8%, et le jardinage le cinquième, avec 272 euros, devant la micro informatique».

Le «faire soi-même» est en phase avec l'internet et la société en réseaux, et d'innombrables sites flirtent avec la difficulté, du plus basique au plus sophistiqué. Selon Eric Donfu, il représente plus de 160 millions d'occurrences sur Google.

On y explique comment fabriquer des bougies ou faire de la lessive avec de la cendre ou du savon de Marseille...

«La plupart de vos produits nettoyants maison ne vous reviendront qu'à quelques dizaines de centimes d'euro le litre», affirme l'association Consommation logement cadre de vie (CLCV). Ainsi, «vous maîtrisez la composition de vos produits et vous préservez la planète de ces phosphates que l'on trouve communément dans les produits d'entretien industriels et qui contribuent à l'asphyxie des eaux».

Terre vivante, une maison d'édition qui s'efforce depuis 30 ans de «mettre à la portée de tous» des gestes quotidiens, au nom de la protection de l'environnement, propose de nombreux titres, notamment une collection «facile et bio» où «le faire soi-même est privilégié».

On peut ainsi apprendre à construire un muret de pierres, des meubles en carton, des cosmétiques bio à base de gel d'aloès ou d'huile végétale, des produits d'entretien...

Les coûts sont alléchants : 10 centimes d'euro le litre pour un produit nettoyant au savon noir, 2 centimes par brossage avec un dentifrice à l'argile verte, presque rien pour une lotion à l'eau de rose... si on a des roses dans son jardin.

Le potager (bio) aussi est à la mode, y compris sur terrasse ou balcon, comme en témoignent nombre de publications. Même l'élevage de poules a ses adeptes. Il reste pourtant astreignant : outre un poulailler, il faut prévoir un système de prévention des prédateurs, éventuellement une couveuse, un «cône à sacrifier»...

Toujours plus loin, toujours plus haut : des forums et blogues bruissent de conseils pour fabriquer une éolienne. Bricoleurs du dimanche s'abstenir.

Environnemental et économique, la mode du «faire soi-même» est aussi un acte d'«indépendance», qui se veut «une alternative à la société d'ultra-consommation», souligne Eric Donfu. Ce qui explique aussi la progression de l'auto-médication et du recours au statut d'auto-entrepreneur.

Aujourd'hui, dit Eric Donfu, «chaque individu doit produire sa propre individualité». Alors, «mettre un peu de soi dans les objets de son quotidien, outre le fait que c'est économique, cela participe à la personnalité de chacun».