En lançant son service Street View, Google a littéralement révolutionné la façon dont on s'oriente dans les rues du monde. Discussion avec l'un des responsables de cette nouvelle « géographie sociale ».

 Comment ça marche, Street View? Comment produisez-vous les cartes?

Ça dépend quelle région on cartographie. En ville, on utilise une voiture avec une caméra sur le toit. Habituellement, on travaille en équipe de deux personnes. Mais dans les régions éloignées, comme dans le Grand Nord, nous sommes quatre ou cinq à participer à la collecte. On fait alors appel à un trekker, soit un énorme sac à dos équipé de 15 caméras qui prennent des photos et collectent les données géospatiales au fur et à mesure qu'on se promène dans la communauté. On téléverse le résultat sur le web, et les gens sont prêts à l'utiliser.

 

Mais pourquoi Google s'est-il lancé dans ce projet?

Notre objectif est de créer la carte la plus utile et facile à utiliser au monde. Les cartes en deux dimensions rendent plusieurs personnes confuses, sont parfois imprécises et difficiles à utiliser. Pendant des centaines d'années, il a fallu se rabattre sur ces cartes, et seulement 17 % du monde était correctement répertorié. En ajoutant des images et en rendant les cartes faciles à utiliser, on permet aux gens de s'orienter beaucoup plus facilement, de façon instinctive. Nous sommes entrés dans l'ère de la géographie sociale : les utilisateurs des cartes participent à leurs créations.

 

Et on est ainsi passé de 17 % à combien?

Facilement plus du double en sept ans!

 

Est-ce que Street View a changé notre rapport à la rue?

Les cartes que nous produisons permettent de visiter un lieu à distance comme si on y était en personne. On peut voir tous les points d'intérêts d'une communauté avant même d'y mettre les pieds : ça ne change pas notre rapport à la rue comme tel, en revanche ça change radicalement la façon qu'ont les gens de découvrir un nouveau quartier ou une nouvelle ville.