Né d'une idée de Marie Saint Pierre, le projet Sous Zéro, qui aide à habiller des enfants défavorisés pour l'hiver, jouit de la participation d'enfants, de parents, d'écoles, de généreux donateurs et d'entreprises. Le chef d'orchestre de cette symphonie en solidarité majeure? Roland Barbier, du Centre communautaire Hochelaga.

Comment le projet Sous Zéro a-t-il commencé ?

En 2004, la designer Marie Saint Pierre voulait faire un défilé dont les profits iraient à l'achat d'habits de neige pour des enfants dans le besoin. C'est par hasard qu'elle nous a approchés, au Centre communautaire Hochelaga, pour qu'on trouve ces jeunes. Cette année-là, on a habillé 87 enfants du quartier Hochelaga, et cette année, 850 enfants! Notre objectif, c'est d'offrir 25 habits pour chacune des 200 écoles de l'île de Montréal.

Quel genre d'habit de neige achetez-vous?

On achète des habits neufs. Ce sont des fournisseurs généreux qui offrent gratuitement ou presque les habits. Grâce aux dons et aux profits d'un bazar, on amasse aussi un bon montant pour les habits, les tuques, les foulards, les mitaines, les bottes, etc.

Pourquoi ne donnez-vous pas des habits usagés?

On donne des habits neufs, parce que des vieux, ils en ont déjà eu. Ce manteau-là, c'est probablement la seule chose neuve qu'ils vont avoir dans leur vie. Cette année, une mère m'a dit : « Si je n'avais pas eu les habits du projet Sous zéro, mon garçon aurait été obligé de mettre l'ancien habit de sa soeur... » Vous imaginez le petit bonhomme de sept ans avec un habit de fille mauve et rose dans la cour d'école ?

Que représentent ces habits pour les enfants?

Un cadeau rare. Recevoir et porter un habit de neige neuf, ça joue directement sur la confiance et sur l'estime de l'enfant. Imaginez, il va enfiler son habit de neige, aller jouer dehors, être au chaud et être heureux! Il va regarder les autres et se dire que lui aussi, il a un bel habit. L'an dernier, un enfant était si content de son habit qu'il ne voulait plus s'en séparer. Il l'emportait partout avec lui, même dans la classe!

Quelle est la réalité des jeunes que vous aidez?

La vie va vite, parfois. Une séparation, une maladie, une perte d'emploi et voilà, on se retrouve sans le sou. La clientèle que je vois le plus souvent, ce sont des parents seuls qui font beaucoup avec peu et qui réussissent à boucler tout juste le budget à la fin du mois. Et ça recommence le mois suivant...

Ça vous épuise, cette roue ?

Des fois, je ferme la porte de mon bureau et je pleure de rage. Une chose qui m'enrage, par exemple, c'est le toit du stade olympique qui coûte 300 millions, alors que des enfants du quartier ne mangent pas! Les injustices, les préjugés ou les inégalités m'ont toujours fait réagir. Évidemment, mon but n'est pas d'éliminer la pauvreté, je n'y arriverai pas. Ce que je veux avec le projet Sous zéro, c'est éliminer les conséquences de la pauvreté sur les jeunes. Aider des gens, c'est ma vie.

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