Paco Lebel a perdu l'usage de ses jambes il y a 10 ans, à la suite d'un accident de vélo, mais il a conservé un sens de l'humour qui lui vaut d'être l'un des meilleurs auteurs de jokes au Québec.

Pour qui écris-tu?

Aujourd'hui, j'écris entre autres pour Patrick Huard, Martin Matte, Stéphane Rousseau et François Massicotte. Quand je suis sorti de l'école, j'étais surtout une guidoune de talk-show. J'écrivais pour Metropolis, Ad Lib, Chabada, L'Écuyer, Le Point J au Québec et en France. Travailler avec Julie Snyder a été ma plus belle expérience professionnelle. J'ai tellement appris! Ces expériences m'ont permis de m'en sortir rapidement après l'accident. J'ai eu beaucoup de soutien de tous mes amis du milieu. J'ai reçu un nombre incalculable de lettres. Pendant ma convalescence, certains ont même payé mon hypothèque. J'ai réalisé à quel point il y avait du bon monde en humour. Et ceux qui sont haïssables, au moins, ils sont drôles.

Pourquoi les humoristes d'aujourd'hui n'écrivent pas leur spectacle tout seul comme le faisait Yvon Deschamps?

Aujourd'hui, ils sont tellement sollicités qu'ils ne peuvent pas écrire tout seuls les jokes de leurs galas, de leurs émissions de télé ET de leurs shows. Ça déçoit parfois le public d'apprendre ça. C'est vu comme de la tricherie. Les humoristes se vantent d'ailleurs rarement de faire appel aux writers. Et, quand ils le font, ce n'est pas parce qu'il ne sont pas bons. Selon moi, 90 % des humoristes au top écrivent aussi bien, sinon mieux que les auteurs.

C'est dur de travailler tous les jours avec des humoristes qui ont un ego gros comme ça?

C'est l'un des milieux où les gens sont les plus humbles! Les humoristes n'ont pas le choix de l'être, parce que quand t'es pas drôle, c'est une salle complète qui te le dit en restant silencieuse. Et c'est tellement dur de l'être tout le temps que les bons humoristes ne tiennent jamais leur succès pour acquis.

T'aimerais ça monter sur scène pour dire toi-même tes gags?

J'aurais pu être humoriste, mais j'aurais été très ordinaire. Je l'ai réalisé quand je me suis comparé à mes camarades de classe à l'École nationale de l'humour, comme Jean-Michel Anctil et François Morency. Y étaient tellement meilleurs que moi. Ça me dérangeait pas, parce que tout ce que je voulais, c'était écrire.

Pourquoi t'es plus drôle qu'un autre?

L'expérience. Plus t'as écrit de gags, plus t'es capable d'en écrire facilement, d'être productif et d'être drôle. Mais au-delà de ça, je pense que je suis capable de surprendre avec des punchs inattendus et que je maîtrise bien l'harmonie des mots.

Quelle est la meilleure joke que tu as écrite?

C'est la pire question à poser à un writer... Mais si j'avais à choisir, je te dirais celle que j'avais écrite pour Gregory Charles, à l'occasion de son premier standup à Chabada: « Mon nom est Grégory Charles, et ce soir, j'ai un veston rayé, car ça rassure toujours les gens de voir un Noir derrière des barreaux. »

Pour qui rêves-tu d'écrire? Quel est ton fantasme d'auteur?

David Letterman. J'aurais donné un bras pour travailler sur son show!

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