Il y a des gens pour qui la réalisation personnelle passe par les petites choses. Chaque été, Yo Diotte s'installe à la halte municipale Tête d'indien, près de Percé. Elle y vend des bijoux qu'elle fabrique, et s'improvise guide touristique. Il n'y a personne qui la paye pour faire ça, mais elle y met tout son coeur. Et elle, elle te dira pas ce qu'il y a dans les guides.

Yo, est-ce que c'est votre vrai nom?

Non. C'est un surnom qu'on m'a donné quand j'étais jeune. Les gens pensent que mon vrai nom c'est Yolande, mais c'est pas ça. Y a pas grand monde qui connaît mon vrai nom.

Votre travail, c'est quoi?

Mon vrai boulot, c'est intervenante. J'ai fait une technique en éducation spécialisée. Et j'ai développé ma créativité au fil des années parallèlement à ma profession.

Qu'est-ce que vous faites ici?

Je donne de l'information aux touristes, je fais de l'animation, je présente les gens de Saint-Georges de Malbaie aux visiteurs. Présenter un pêcheur de homard ou de crabe, c'est génial. Nos visiteurs s'amusent beaucoup. Comme j'ai rien appris dans les livres pour faire ça, toute l'information que je donne, c'est brut.

Et votre kiosque, c'est quoi?

Je présente ce que je fais à partir de nos richesses naturelles. Ça fait découvrir la Gaspésie et ça emmène les visiteurs à ramasser eux-mêmes des coquillages. Je ne vends pas de produits. Les gens achètent, s'ils en ont le désir. Moi la pression, ça va pas avec moi.

Est-ce que les touristes négocient fort pour les bijoux?

C'est moi qui négocie! Eux ils trouvent ça drôle. Je leur propose des deals. Un morceau à 37$, je peux leur faire à 30$, et leur faire des cadeaux. Je sais déjà que je fais un bon prix.

Vous leur laissez pas le temps de négocier.

Non, je fais des cadeaux. Les gens qui négocient, c'est souvent les gens qui peuvent payer. Les gens qui ne négocient pas, des fois ils donnent plus, pis c'est pas les plus riches. Moi j'y vais avec mon coeur.

Avec quoi vous faites vos bijoux?

Des galets que je perce, des petites pattes de crabe, des escargots, toutes sortes de choses. C'est un anglais qui m'a demandé de lui faire un collier avec une pince de homard. Je trouvais ça un peu gros, j'ai pris une pince de crabe à la place. Maintenant, tout le monde a des colliers avec des pinces de crabe.

Où trouvez-vous votre matière première?

Je me promène sur la plage. On a des plages toutes différentes en Gaspésie. Mon conjoint m'aide beaucoup. Il y a déjà des pêcheurs qui ont voulu me donner des pinces en quantité industrielle, mais ça ne m'intéresse pas. C'est pas ça la Gaspésie. Ma création commence au moment où je ramasse le coquillage.



Comment vendez-vous la région aux touristes?


Il y a plein de choses! À Saint-Georges on a une belle poissonnerie, un camping, les gens de la place.



Pourquoi ça s'appelle la Tête de l'indien ici, c'est quand même drôle comme nom?

C'est parce qu'il y a effectivement une tête d'indien dans la montagne, sculptée dans la roche. Descends le petit sentier vers la mer, tu vas la voir. Les gens qui ne la voient pas, c'est parce qu'ils s'attendent à voir une face d'indien, mais on voit juste le profil.

Qu'est-ce que vous aimez le mieux entre votre travail d'intervenante et votre travail ici?

C'est dur à dire, ça me déchire un peu. Mon travail d'intervenante, j'aime ça beaucoup, mais ici j'ai des interventions à faire aussi.

Comme quoi?

Assurer la sécurité des gens. C'est arrivé à quelques reprises qu'il a fallu appeler le 911. Ça prend rien qu'une personne pour semer la terreur, c'est quand même un site qui est isolé. Et je m'assure que les gens soient bien. Tsé, sont en vacances. Moi aussi je me sens en vacances ici.