Avant d'être col bleu, Alain Labelle a été la voix derrière le fameux «Ici Radio-Canada» dans les années 90. C'est dans son suit fluo et à travers une prodigieuse succession de name dropping qu'il a accepté de nous rencontrer.

Comment êtes-vous passé d'employé de Radio-Canada à col bleu ?

En 2000, il y a eu des coupes budgétaires et j'ai perdu mon emploi.  J'avais une soeur et un frère qui étaient cols bleus et qui m'ont conseillé d'appliquer.  C'est ce que j'ai fait et depuis 2001, je travaille pour la Ville.

Quelles anecdotes ont marqué votre passage à Radio-Can ?

Écoute, j'en ai rencontré, des vedettes ! En '76, je me suis ramassé à jouer de la guitare backstage avec Harrisson. En '84, j'ai mangé avec Paul McCartney, alors que j'étais présentateur au Forum... Beaucoup de gens savent aussi que j'étais aussi au Bed in, avec Lennon.

Y a-t-il une technique pour développer une voix radiophonique ?

Je n'ai pas de technique, je suis né avec cette voix. Je fais partie des cinq voix les plus basses du Canada. Mon père est franco-allemand et avait une voix très basse, et ma mère était une très bonne chanteuse. D'ailleurs, c'est Aznavour qui les a présentés l'un à l'autre. Il existe plusieurs articles à ce sujet.

Vos collègues cols bleus sont-ils jaloux de votre voix suave et virile?

Sans doute, oui.  Certains m'agacent, parfois.  Quand je prends le micro pour communiquer avec eux, j'entends souvent des «Ici Radio-Canada» sur un ton baveux.

Malgré tout, est-ce que c'est gratifiant d'être col bleu ?

Ça va quand je me dis que je contribue au nettoyage de la planète, mais c'est pas toujours évident. Disons que je me sens plus aimé quand j'arrive sur un plateau de tournage. À la job, quand je dis aux gars que j'ai été avec McCartney et Harrison, que j'ai pris l'avion en jet-setter avec Bernard Derome - que je connais très bien en passant-, que j'ai tourné avec Jeanne Moreau - je jouais un médecin dans Roméo et Juliette, un troisième rôle -, ils s'en foutent... Comme quand je leur dis que j'avais Barbara Streisand à ma table au Billboard en '77 ou que Stephen Harper m'a appelé  «La voix de Dieu», après que j'aie fait les voix du parti conservateur pour une publicité...