C'est dans sa boutique, rue Saint-Hubert, que Richard Letendre tripote quotidiennement un arsenal de boutons (et on ne fait pas ici référence aux furoncles ou aux pustules, mais bien au petit objet circulaire qu'on oublie maladroitement de rattacher en sortant des toilettes ou qu'on défait après avoir trop mangé). Rencontre avec le souverain boutonnier de la Plaza.

Quel genre de boutons collectionnez-vous ?

Il y a deux grandes catégories de boutons : les «Wow» et les «Bof». Moi, je collectionne les «Waw», comme ceux en argent avec la face de Napoléon.  Quand ça fait 20 ans que tu vois des boutons, par exemple, c'est plus rare d'en trouver des «Wow». Les petits qui brillent ou ceux avec une face d'égyptien, ça m'impressionne plus...

Comment aidez-vous vos clients à trouver ZE bouton?

Un beau bouton, c'est soit qu'il se fond bien dans le tissu, soit qu'on le remarque. J'ai écrit un proverbe qui dit : « Il n'y a pas de bouton laid.  Il n'y a que de mauvais agencements. »

Un proverbe boutonnier de votre cru, wow ! En avez-vous d'autres?

J'en ai une trentaine, dont: «Quand un bouton est mal cousu, sa vie ne tient qu'à un fil» et «Le bouton est la ponctuation de la phrase vestimentaire».

Superbe. Quel est votre bouton préféré ?

J'ai vendu de faux boutons Chanel, jusqu'à ce qu'un avocat de Chanel vienne me dire que c'était illégal.  Maintenant, j'ai mes propres faux boutons Chanel.  C'est des boutons noirs sur lesquels j'ai écrit : «FAUX CHANEL».  Tu sais ce que ça veut dire, le CC de Chanel ?

Euh... Coco Chanel ?

Non. C'est Cher en Criss.

Mais vous êtes également humoriste, vous!

Oui, j'ai effectivement fait une trentaine de représentations de mon one man show.  Mais revenons à nos boutons...

Succulent jeu de mots. Pour terminer, qu'est-ce qu'un collectionneur de boutons fait avec son magot?

Quand on collectionne les boutons, on est un peu exhibitionniste et échangiste.  On les regarde, on les manipule, on les montre, on les échange, on fait des expositions et on les vend.  On ne vit pas à vendre des boutons, mais ça nous empêche de mourir.