Les agendas électroniques de nos appareils mobiles ont bousculé nos habitudes organisationnelles, mais l'agenda papier a ses fidèles. Malgré une légère baisse de leur chiffre d'affaires, les leaders de l'industrie ne s'inquiètent pas pour leur survie et trouvent les moyens de se réinventer.

2,2 MILLIONS

Nombre d'exemplaires d'agendas Quo Vadis vendus par année au Québec

« Le numérique n'a pas tout pris, résume le directeur général de Quo Vadis, Christian Froc. Nous pensons que les agendas papier peuvent cohabiter avec les téléphones intelligents. » La société française vend chaque année environ 4 millions d'agendas au Canada, le Québec menant avec 2,2 millions d'exemplaires. « Oui, il y a eu une baisse, admet Christian Froc. Il y a 15 ans, on vendait environ 4,7 millions d'agendas, mais nos chiffres de vente sont relativement stables. » Même son de cloche du côté de Dominion Blueline, qui fêtera son centenaire l'an prochain et qui, malgré une légère baisse de la demande, vend toujours environ 2 millions d'agendas au Canada. « Ce n'est pas vrai que les gens planifient tout avec leur téléphone intelligent », estime sa vice-présidente marketing, Natalie Codere.

La diversification

Dominion Blueline, qui a fait récemment l'acquisition de la britannique Letts, croit que sa survie passe par la diversification de ses produits. Selon Natalie Codere, les fameux agendas à spirales ne peuvent garantir seuls l'avenir de l'entreprise. Elle cite en exemple les nouveaux calendriers mensuels muraux ou en format « sous-main » (déposés sur le bureau), de plus en plus populaires. « Nous avons aussi de nouvelles gammes d'agendas avec des feuilles amovibles qui se vendent très bien. Nos agendas à la semaine sont maintenant plus populaires que nos agendas quotidiens [une journée par page]. » Qui dit diversification dit aussi produits dérivés. Blueline vend par exemple des étuis à tablette agencés à ses cahiers de notes ; idem pour Quo Vadis, qui vend aussi des stylos et des étuis à crayons.

40 %

Les ventes de carnets de notes Quo Vadis ont augmenté de près de 40 % en 10 ans, nous dit Christian Froc. Une demande importante qui prouve, selon lui, que les agendas numériques ne peuvent pas répondre à tous les besoins, dont celui de prendre des notes librement. Quo Vadis s'est aussi ajusté en ajoutant des feuilles lignées dans son petit fascicule inséré dans le rabat de son agenda. « On doit s'adapter à la demande », insiste-t-il. Du côté de Blueline, on enregistre aussi une augmentation des ventes de carnets de notes. Des feuilles lignées ont également été ajoutées à l'agenda traditionnel.

De nouvelles couvertures

« Ce qui a le plus changé au fil des ans, ce sont les couvertures, explique Christian Froc. Les gens veulent un produit de qualité auquel ils peuvent s'identifier. Les couvertures sont devenues des accessoires de mode. On a donc toute une nouvelle gamme de couvertures (avec ou sans rabat) - que ce soit pour les jeunes ou les adultes. Avec la mode du coloriage pour adultes, on a aussi mis sur le marché des couvertures à colorier. » Une avenue qu'a également explorée Blueline avec ses agendas de type sous-main, même si le coloriage est lié à un phénomène de mode. Quo Vadis a même commencé à vendre des « recharges » d'agendas, de manière à ce que les gens puissent réutiliser leurs couvertures.

L'option du sur-mesure

Quo Vadis, qui offre une grille hebdomadaire épurée, a notamment réussi à fidéliser ses clients en offrant des agendas sur mesure. « Les agents immobiliers et les représentants de compagnies pharmaceutiques, par exemple, travaillent les soirs et les week-ends, la grille est donc adaptée en conséquence. Certains clients demandent à ajouter des infos dans les premières pages, illustre Christian Froc. Par exemple, une bétonnière nous a déjà demandé de publier 14 pages avec les différentes "recettes" de béton comme aide-mémoire. » Blueline n'a pas misé sur cette option du sur-mesure, préférant lancer plus régulièrement de nouvelles gammes de produits adaptées à ses différentes clientèles. La société canadienne compte environ 300 types d'agendas différents.

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Le directeur général de Quo Vadis, Christian Froc.