Les jeunes qui sont de grands utilisateurs de médias sociaux et ceux qui communiquent beaucoup par texto avec leurs amis ont une vision à plus court terme, selon une nouvelle étude ontarienne.

«Beaucoup d'experts craignent que la recherche d'interactions immédiates par internet et le remplacement des conversations avec des amis par de très courts commentaires avec une foule n'aient des conséquences cognitives», explique Logan Annisette, qui a rédigé cette étude, publiée dans la revue Personality and Individual Differences, après une maîtrise en psychologie à l'Université de Windsor. «Nicholas Carr a cristallisé cette théorie en 2010 dans son livre The Shallows. Une étude manitobaine a démontré en 2013 qu'il avait raison pour ce qui est des textos. J'ai voulu vérifier ce qu'il en est pour les médias sociaux.»

La thèse de Nicholas Carr est que les gens qui textent sans arrêt ou qui passent leurs temps libres à chercher des histoires amusantes sur l'internet - ou qui, maintenant, parcourent sans relâche les médias sociaux - ont moins de temps pour s'arrêter et réfléchir à leur vie, à leur journée.

L'hédonisme et l'image remplacent la morale et les buts à moyen et à long terme.

Les 150 étudiants interrogés par M. Annisette confirmaient la thèse: plus ils textaient souvent et plus ils étaient assidus sur les médias sociaux, moins ils avaient tendance à réfléchir au déroulement de leurs journées, à rechercher les nouvelles expériences de vie (projets de voyage, par exemple) et à juger importants l'intégrité et le fait d'avoir des principes.

«C'est important parce que les études montrent que le caractère moral est souvent plus important que l'apparence physique pour la première impression que les gens se font d'une personne, dit M. Annisette. Ce manque de profondeur risque de nuire à ces jeunes dans leur vie professionnelle et sociale.»

Le psychologue ontarien a changé d'orientation après sa maîtrise et étudie maintenant le droit.

«Je trouvais que les chercheurs en psychologie ne s'intéressaient pas assez à l'influence de la technologie sur la personnalité, alors j'ai jeté l'éponge.»