Rencontre occasionnelle ou véritable tradition qui traverse les années, le voyage de pêche intrigue toujours autant. Mais qu'est-ce que c'est, un voyage de pêche typique? Rencontre avec trois gangs de gars pour qui l'aventure va bien au-delà de la chaloupe et du poisson.

15 gars, des prix et un festin

Olivier Rioux et Fabrice Landry préparent la septième édition de leur voyage de pêche annuel. Le groupe de 15 gars se donne rendez-vous dans une pourvoirie pour un séjour de quatre jours et trois nuits à la fin du mois de juin. Un long week-end que ces vieux amis se réservent pour honorer la pêche et les bouffes décadentes.

Un voyage de la sorte se planifie de longue date. «Nous avons un groupe Facebook qui nous garde en contact toute l'année. Plus nous approchons du week-end, plus les gens s'animent sur la page. C'est beaucoup de logistique», explique Fabrice Landry, enseignant en arts plastiques et amateur de pêche. Puis, un mois avant le grand départ, une réunion est organisée, on voit aux derniers détails et des équipes sont formées pour la prise en charge des repas. «La réunion que l'on tient avant le départ fait aussi partie du rituel. C'est toujours un peu chaotique, on sent la fébrilité dans l'air. La fête commence là», poursuit l'enseignant.

La moitié d'un boeuf

Pour ce groupe d'amis formé principalement au secondaire, la nourriture prend beaucoup de place dans ce séjour annuel. «On se fait un menu très gars. Une année, nous avons construit un BBQ dans un baril de métal pour faire un méchoui. Nous avions apporté le cochon entier au chalet. Une autre fois, je crois bien que nous avons dû faire cuire la moitié d'un boeuf tellement nous avions de la viande», raconte Fabrice Landry.

On ne rigole pas avec les repas. Une fois constituées, les équipes se rencontrent pour déterminer un menu éclaté. L'esprit de compétition s'installe, on essaie de réinventer les grands classiques et les coéquipiers vont même jusqu'à s'exercer en vue de la préparation du repas. Pour eux, la table, c'est du sérieux.

L'an dernier, une équipe avait brassé une bière spécialement pour l'occasion. Cette année, plusieurs surprises attendent les pêcheurs, si l'on se fie à Olivier Rioux: «Les préparatifs vont bon train et d'année en année, le niveau de difficulté des festins augmente. Les équipes ne sont pas encore formées, mais la barre sera très haute et les rumeurs parlent déjà d'un cocktail très spécial... Sauf qu'actuellement, notre gros dilemme, c'est plutôt de savoir quel type de bacon on achète pour les déjeuners, et surtout qui va le faire cuire. À 15 gars, c'est tout un débat.»

Des honneurs et des histoires 

À la première édition, les amis avaient décerné un prix pour souligner la meilleure pêche. C'était un petit poisson en plastique. Depuis, le modeste trophée a bien évolué. «Les gagnants le travaillent et l'améliorent d'année en année», précise Olivier Rioux. Il y a aujourd'hui un prix pour la plus grosse prise, un autre pour le plus long poisson et un dernier un peu moins convoité: «Le trophée du cabochon est remis à celui qui accumule les gaffes pendant le week-end. Celui-là, on espère ne pas le gagner», conclut Fabrice Landry.

Conseils pour un week-end réussi: 

• Faire des équipes, de sorte que certains puissent pêcher alors que d'autres préparent les repas, selon un horaire préétabli. 

• Planifier le maximum de choses avant le départ pour qu'une fois sur place, il ne reste plus qu'à profiter du week-end. 

• Trouver des gens qui cohabitent bien.

À la pêche comme à l'aventure

Quand la passion de la pêche se combine à celle de la photo et de la vidéo chez un seul homme, on obtient Hooké. Créée par Fred Campbell il y a trois ans, la marque diffuse sur le web des vidéos de voyages de pêche qui font rêver toute une nouvelle génération de pêcheurs. L'univers de Hooké est en train de redéfinir l'aventure de pêche telle qu'on la connaît.

«J'étais avec ma caméra pour filmer un périple avec des chums. Je l'ai partagé sur le web. Les gens ont beaucoup aimé, j'en ai fait d'autres, et d'autres encore. Sans le savoir, je venais de lancer Hooké», explique Fred Campbell, qui s'illustrait déjà dans l'univers de la vidéo avec sa boîte de production Fokus. Une passion pour l'image qui remonte au temps où il produisait des clips de skateboard et planche à neige. 

Le parallèle entre les sports de planche et la pêche ne s'arrête pas là. «La première fois que je me suis retrouvé sur le bord d'une rivière, à pêcher à la mouche avec mes chums, j'ai senti cette même sensation de plaisir que j'associais à mes aventures en snow ou en skate. Cette émotion-là, on la met en images et elle fait le tour du monde.»

Le nouveau visage de la pêche 

Le groupe Hooké, qui vise les 18-35 ans, souhaite attirer la nouvelle génération vers la pêche sportive en diffusant des images de grande qualité, en faisant ressortir le côté «adrénaline» de la pêche et en associant le tout à des trames sonores sélectionnées avec doigté. «On montre une gang de chums qui adorent pêcher. Pour qui c'est sérieux. C'est un sport. De 3 h à 23 h. On y va pour prendre du poisson et le remettre à l'eau. On y va pour l'aventure, définitivement.»

Et pour continuer dans cette voie, celle de favoriser le développement de la pêche au Québec, Fred Campbell et son équipe ne prévoient pas en rester là. Ils veulent donner envie aux gens de pêcher, ils veulent faire partager leur passion. «Il faut réveiller les gens. La pêche, ce n'est pas ennuyant. C'est un sport qui mérite de belles images, un bon marketing. Et en filmant nos voyages de pêche comme on filmait nos voyages de snowboard, on montre autre chose. Avec nos tournées et nos partys qu'on organise avec Hooké, on rencontre maintenant des jeunes qui planifient de partir pêcher en groupe. Ça, c'est nouveau.»

L'aventure ultime 

L'entreprise n'a que trois ans, et pourtant, l'équipe cumule les aventures : la baie d'Ungava, les rivières de Gaspésie, le Montana et même la Patagonie. Des liens ont été créés avec Tourisme autochtone, un long métrage a été produit, des projets pour l'Acadie, Sept-Îles et les Laurentides sont sur la table et des tournées pendant l'hiver attirent des amateurs de tous les âges. «C'est devenu beaucoup plus gros qu'on aurait pu l'imaginer. On voyage partout et c'est grâce à notre passion pour la pêche. Difficile d'imaginer mieux», confie celui qui a été initié à la pêche avant même l'âge de cinq ans.

Conseils pour un week-end réussi: 

• Y aller avec ses meilleurs amis et prévoir de l'excellente musique. 

• Avoir le bon matériel selon l'espèce qu'on prévoit pêcher. 

• Être prudent.

Hooké: https://hooke.ca/

Loin de tout, dans un vrai shack

Après plus de 15 ans au même endroit, les membres du groupe d'Alain Gravel n'ont plus beaucoup de secrets. Chaque année, ils se retrouvent à près de huit heures de route au nord de Montréal pour un week-end de pêche au doré et au brochet. Destination: un petit camp sans électricité ni eau courante. 

Ils ont entre 50 et 60 ans et pêchent depuis plusieurs décennies. Les quatre amis se rendent à ce petit chalet construit en 1961 par des cousins pour quatre jours de pêche et de repos. «On peut se dire pêcheurs paresseux... On n'est pas sur le lac à 5 h du matin. On profite de ce moment-là pour relaxer autant que pour pêcher. On termine nos pêches vers 19 h, on arrange nos poissons et on ouvre le vin. On se prépare de gros repas et à 22 h, on se couche. C'est simple, c'est des vacances aussi», décrit Alain Gravel.

Sécurité et aventure 

Se rendre au camp est déjà un défi en soi. La route de terre traverse plusieurs petites rivières. «On peut arriver quelques jours après un orage, un barrage de castor a cédé, le pont a été emporté et il faut trouver une solution. Les grands vents peuvent aussi être problématiques et faire tomber des arbres sur la route. Même chose: on s'arrête, on réfléchit à quatre et on règle le problème. On aime ça. Ces surprises font partie de l'aventure.»

Alain Gravel insiste sur une chose : la sécurité. Avec les 160 km de chemin forestier qui mènent au chalet et qui sont parfois très difficiles, voire impraticables, l'isolement est grand. « Nous avons un téléphone satellite, mais si quelque chose de grave se produisait, il faut reconnaître que nous sommes très loin des secours. Alors on ne peut pas se permettre de prendre des risques. Le groupe doit respecter ça. » 

Pas de relève? 

Pour Alain Gravel et ses acolytes, la relève ne semble pas au rendez-vous. « Les jeunes ne sont pas intéressés par le plein air autant que nous l'étions. Le côté rustique, loin du grand luxe, les bibittes, la bécosse dehors ou le fait qu'il soit impossible d'utiliser son téléphone cellulaire, on dirait que ce n'est pas attirant pour nos jeunes en ville. »

Pourtant, ce n'est pas le plaisir qui manque une fois au camp. Les vieux amis qui ne se voient que très rarement dans l'année apprécient au plus haut point ces quatre petites journées loin de tout. « Ce moment-là est sacré pour nous. Plus on approche de la date, plus on devient excités. On s'appelle, on s'écrit, on planifie, on a du mal à patienter jusqu'au week-end. Le matin du départ, on est sur la route avant que le soleil se lève. On a l'impression que rien ne peut nous arrêter. On retombe en enfance, on est quatre grands chums qui partent à l'aventure », résume Alain Gravel.

Conseils pour un week-end réussi: 

• Former les équipes de pêcheurs avant le départ. 

• Identifier un leader et prendre les décisions en groupe. 

• Trouver des gens qui tolèrent bien l'esprit de camaraderie.