Les Philippins sont de plus en plus nombreux à se dire favorables au divorce dans cet archipel catholique qui reste le seul pays du monde, avec le microÉtat du Vatican, à ne pas autoriser la dissolution d'un mariage arrivé en bout de course.

D'après une enquête nationale réalisée par le sondeur Social Weather Stations, 60% des répondants pensent que le divorce doit être légalisé pour les couples «déjà séparés et sans aucun espoir de réconciliation» afin «qu'ils puissent se remarier légalement».

Ce taux est largement supérieur à celui relevé par le sondeur en mars 2011, lorsque 50% des Philippins se disaient pour le divorce. Ils étaient 43% à être de cet avis en mai 2005.

Les voeux de mariage sont considérés comme un engagement pour la vie aux Philippines, où l'avortement et le mariage entre personnes du même sexe sont également interdits.

Le sondage, rendu public cette semaine, a été réalisé entre le 27 novembre et le 1er décembre 2014 auprès de 1800 adultes.

Les épouses qui entretiennent une liaison extra-conjugale risquent six ans de prison, les maris adultères encourant quant à eux quatre ans d'emprisonnement. La loi condamnant l'adultère est cependant rarement appliquée.

«De notre point de vue, ce sondage constitue la reconnaissance qu'un besoin existe», a commenté mardi la députée Emerencia de Jesus. «L'État doit accorder à ceux qui sont pris au piège d'un mariage irréparable la possibilité de tourner la page».

Mme de Jesus a cosigné un projet de loi sur la légalisation du divorce, mais celui-ci traîne dans les cartons du Parlement depuis des années. Elle a espéré que ce sondage vienne lui donner un coup d'accélérateur tout en reconnaissant que c'était peu probable: le président Benigno Aquino, lui-même célibataire, a dit que ce n'était pas sa priorité.

Actuellement, les couples qui veulent se séparer doivent demander à la justice de les autoriser à départager leurs biens communs ou à déclarer invalide leur contrat de mariage. Ceci n'est possible que dans quelques cas de figure bien spécifiques, comme «l'incapacité psychologique» de l'un ou l'autre époux.

Aux Philippines, 80% des 100 millions d'habitants sont catholiques et l'Église a dans l'archipel une très grande influence.

En 2012, les autorités avaient promulgué une loi prévoyant la gratuité des moyens de contraception et l'éducation sexuelle à l'école. En avril 2014, la Cour suprême avait débouté l'Église qui réclamait l'invalidation du texte.