Les personnes originaires de pays où se pratique la mutilation génitale féminine (MGF) devront s'engager par écrit à ne pas la faire subir à leurs filles avant de quitter l'Espagne pour s'y rendre en voyage, selon un plan de lutte approuvé mercredi.

«Je m'engage à prendre soin de la santé de la/des mineure(s) dont je suis responsable et à éviter leur mutilation génitale, ainsi qu'à me présenter à une visite de contrôle au retour de voyage», est-il écrit sur le document que les pédiatres feront signer aux parents.

Si ces derniers refusent de le signer, les médecins alerteront la justice qui pourra à son tour décider de la mise en place «de mesures de prévention pour éviter» la MGF, selon le ministère de la Santé.

Cette procédure sera introduite après l'approbation mercredi d'un «Protocole commun d'action sanitaire» par le ministre de la Santé Alfonso Alonso et des représentants des 17 gouvernements régionaux, responsables en Espagne de gérer ce lourd budget.

«Près de 17 000 filles courent le risque en Espagne d'être victimes de mutilation génitale», d'après le ministère.

Plus de 57 000 femmes mutilées vivraient aujourd'hui en Espagne, selon les estimations de la fondation internationale Wassu-UAB, mais il n'existe toutefois pas de registre médical officiel.

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) recense plus de 125 millions de victimes d'excision dans 29 pays d'Afrique et du Moyen-Orient. L'Unicef note que la pratique est aussi en hausse en Europe, en Australie, au Canada et aux États-Unis, notamment parmi les populations d'immigrants.

Détecter et recenser ces cas est justement l'un des principaux objectifs du nouveau protocole approuvé mercredi en Espagne, qui explique précisément aux médecins, généralistes et gynécologues, en quoi consiste cette pratique et comment traiter ses séquelles, notamment pendant la grossesse et l'accouchement.

Il faut redoubler de vigilance avant un voyage, explique à l'AFP Nieves Crespo, responsable du programme de prévention de la MGF pour l'Union des associations familiales, l'une des ONG qui ont participé à l'élaboration du protocole en Espagne.

«Nous n'avons pas d'indice permettant de dire qu'on mutile en Espagne, mais plutôt qu'on profite des voyages avec les filles et que c'est dans les pays d'origine qu'est pratiquée» l'ablation du clitoris ou des lèvres vaginales, explique-t-elle.

Plusieurs juges espagnols ont déjà par le passé empêché des mineures de sortir du pays, en leur retirant leur passeport, pour éviter une possible ablation.