Se filmer en buvant de l'alcool, partager la vidéo sur internet et désigner des amis qui auront 24h pour faire de même: face à la «neknomination», nouveau jeu viral sur les réseaux sociaux, des internautes «vertueux» ripostent à coup de bonnes actions, ou «smart nominations».

Les vidéos de «neknomination» se comptent par milliers sur la toile. Filmés à la va-vite, déguisés, dans un bar, dans leur cuisine ou en maillot de bain, les «nominés» se mettent en scène en buvant des verres de bière ou des bouteilles d'alcool fort, en gobant des oeufs ou ingurgitant toutes sortes de substances.

Si l'alcool est au centre de la «neknomination», de l'anglais «neck your drink» (boire cul-sec), elle réunit plusieurs ingrédients favoris du web: l'image et la mise en scène de soi, la viralité des réseaux sociaux avec la désignation de trois personnes pour relever le défi, et la culture du «LOL» (l'acronyme pour «laugh out loud» ).

La «neknomination» serait née en Australie où l'on a pu voir des participants boire de l'alcool en mangeant de la nourriture pour chien, de l'huile de voiture ou des poissons vivants.

Au Royaume-Uni, où cinq jeunes seraient morts après avoir bu des pintes d'alcool fort ou de mélanges (vin, whisky, vodka et bière) selon les tabloïds anglais, l'affaire est prise au sérieux.

Selon la police britannique, au moins trois de ces décès ont un lien  établi avec  la «neknomination». Elle vient d'ouvrir une enquête judiciaire après la mort, le 8 février, d'Isaac Richardson, la première victime de ce «jeu».

Une bonne action et une bière!

En France, où le phénomène commence à faire parler de lui, la filière des alcooliers a diffusé ces derniers jours un communiqué pour appeler à la modération.

«Aucune marque d'alcool ne saurait être impliquée dans ces phénomènes d'incitation par les internautes à une consommation excessive et dangereuse d'alcool», écrit la Fédération française des spiritueux, qui regroupe quelque 200 entreprises dans 23 régions françaises.

Jugeant ce jeu «débile», des internautes ont préféré riposter de manière «intelligente» et «utile» par de bonnes actions.

«J'ai été sélectionné pour ce jeu de m... Pour ma part, j'ai décidé de faire une vidéo un peu plus intelligente pour relever le défi (...) autant que ça serve à quelqu'un» et «faire une vidéo intelligente», explique Julien Voinson, un jeune photographe bordelais.

Dans son petit film, déjà vu plus de 600 000 fois sur YouTube, on le voit distribuer de la nourriture et de l'eau à des sans-abri avant de désigner trois personnes et de leur donner 24H pour faire de même. Son initiative, baptisée «smart nomination», a depuis été imitée dans d'autres villes de France et jusqu'à Montréal.

Ailleurs dans le monde, d'autres détracteurs de la «neknomination» avaient déjà riposté, comme ce Sud-Africain, Brent Lindeque, dans sa vidéo YouTube «A South African NekNomination» (près de 700 000 vues), publiée le 31 janvier, où il offre un sandwich, une barre chocolatée et un coca à un sans abris.

«Une bonne action et une bière!» C'est le parti pris par une jeune femme au Costa Rica qui a décidé de couper la poire en deux. Dans son film «Neknomination / Something Good», elle remplit d'abord deux sacs poubelle de détritus ramassés sur la plage, puis s'offre une bière fraîche.