Elles sont blogueuses, ingénieures ou cuisinières et rêvent de destins à la Sheryl Sandberg, numéro deux de Facebook, ou Mary Barra, nouvelle patronne de General Motors. Pour y arriver, elles ont trouvé la clef: le speed dating.

«1,2,3, go!» Réunies dans un grand hall de l'université new-yorkaise NYU, dont l'institut ITP (Interactive Telecommunication Program) organise chaque année un forum des Femmes Entrepreneurs, quelque 280 femmes de tous âges et tous horizons ont 3 minutes pour se connaître, échanger, avant de passer à l'interlocutrice suivante.

Cet exercice de speed dating, sur le modèle de rencontres amoureuses en accéléré, a lieu pour la première fois cette année.

Dans un brouhaha croissant, sous une belle lumière d'un après-midi d'hiver new-yorkais, des duos de femmes, debout, se forment et se déforment, tel un ballet où l'échange de cartes de visite tient lieu de pas chassé. Certaines acquiescent ou sourient, d'autres répriment un bâillement, éclatent de rire ou plissent les yeux, très concentrées, avant que le micro les sépare et les envoie vers leur voisine immédiate.

«Bonjour, je co-produis de courtes vidéos (...) marrantes et ludiques pour accroître la popularité des gens sur Internet», Cool Sparks, explique O Zhang à une participante. «Donnez-moi votre carte»!

Plus loin, Milena, d'âge mur et l'air avenant, se dirige vers une jeune femme dont elle croise le regard. «Salut, vous cherchez quelqu'un à qui parler? Me voilà», se présente l'ancienne directrice technologique prête à se lancer dans un nouveau projet, à Jacquie Courtney, fondatrice du site d'échanges de robes de mariée Nearly Newlywed.

La règle est simple, explique Nancy Hechinger, de l'ITP, co-fondatrice de l'événement. Dans un «chaos» qu'elle espère «semi-organisé», les participantes «se présentent, parlent de leurs projets d'entreprises, de leurs passions» ou de ce qu'elles veulent.

«Moi, j'ai créé un blogue (Cheapeats) sur les bons restaurants pas chers et je compte le transformer en site web, en application et en une société», raconte Rosemarie Gambetta,  blogueuse et agente immobilière à une étudiante qui rêve d'entrepreneuriat.

«Les femmes n'osent jamais se vendre et ont toujours peur de paraître trop ambitieuse ou obstinée», mais cette expérience entre femmes est «un très bon exercice», sans la pression de se confronter à un homme, estime-t-elle.

Rencontrer des femmes sources d'inspiration

Pour Denise Courter, ex-travailleuse de Wall Street fondatrice d'un site pour les enfants à Manhattan, FiDiFamilies.com, cet exercice permet «de rencontrer des femmes sources d'inspiration», d'éventuelles partenaires, «de leur demander pourquoi elles ont créé leur entreprise, choisi tel logo, telle voie». En un mot, de se créer un réseau de femmes entrepreneuses «pour s'aider mutuellement à grimper l'échelle».

Même si quelques femmes, comme Mary Barra de General Motors, ont récemment brisé le plafond de verre, seulement 15% des femmes se sont hissées pour l'instant jusqu'aux échelons les plus élevés de leurs entreprises aux États-Unis et elles ne sont que 4,5% parmi les patrons des entreprises du classement Fortune 1000.

La réussite des femmes

Anne-Marie Slaughter, femme d'influence et auteur d'un article intitulé Pourquoi les femmes ne peuvent-elles toujours pas tout avoir dans la vie choisie pour inaugurer l'édition 2014 de ce forum, en convient elle-même: la réussite des femmes passe aussi par ce genre d'événements.

«C'est exactement là où il faut encourager les femmes, pour lancer des projets, créer des choses, de leur propre chef. Les hommes qui sont entrepreneurs connaissent d'autres hommes entrepreneurs et je pense que les réseaux sont importants (...) parce que nous sommes toujours une importante minorité», souligne-t-elle à l'AFP.

Pour Katie Boyko, new-yorkaise fondatrice du site de rencontres en ligne sur invitation Dating by Three Degrees, la journée a été bonne et l'exercice payant: un discours sur son projet affiné, «plus concis», 20 cartes de visite et autant de personnes désireuses de s'inscrire sur son site.