La finale du concours de Miss Monde se déroule samedi pour la première fois en Indonésie, pays musulman le plus peuplé de la planète, malgré l'ire d'islamistes et les craintes d'attentats.

Qualifiant la compétition de «concours de prostituées», des milliers de radicaux sont descendus dans la rue ces derniers mois, poussant le gouvernement à ordonner que la finale, prévue près de la capitale Jakarta, soit transférée à Bali.

Cette île paradisiaque est la seule région d'Indonésie à majorité hindouiste, et non musulmane comme le reste du pays. Habituée des hordes de touristes occidentaux qui s'exposent à moitié nus sur ses plages de sable fin, Bali ne s'offusque pas des tenues légères arborées par les Miss.

Mais le déménagement des «reines de beauté» et la promesse des organisateurs de renoncer au défilé en maillot de bain n'ont pas suffi à entièrement calmer la colère des radicaux qui promettent de perturber la finale.

«Nous allons manifester, car nous ne pouvons accepter cela», assure Haidar al Hamid, chef du Front des défenseurs de l'islam (FPI) dans l'est de Java, région située face à Bali.

Le FPI, qui se veut le garant de la morale conservatrice islamique, avait déjà réussi à faire interdire un concert de l'Américaine Lady Gaga, jugée «satanique» par les islamistes, après de nombreuses manifestations.

Mais cela pourrait être bien plus difficile de bloquer les Miss Monde: l'organisation radicale a déjà tenté d'envoyer des centaines de ses militants à Bali pour manifester, mais ils ont été bloqués par la police.

«Nous renforçons les contrôles aux points d'entrée, comme les ports et l'aéroport», a prévenu Hariadi, porte-parole de la police provinciale qui, comme beaucoup d'Indonésiens, ne porte qu'un seul nom.

Les ambassades de Grande-Bretagne, des États-Unis et d'Australie ont de plus lancé récemment un avertissement évoquant de possibles «attentats» contre Miss Monde, sans plus de précision.

L'île de Bali, fréquentée par des millions de touristes étrangers, a été victime en 2002 du pire attentat commis en Indonésie, qui avait fait 202 morts et avait été attribué à un mouvement proche d'Al-Qaïda.

La police locale minimisait cependant le danger. «Il n'y a pas de raison de s'inquiéter. Nous n'avons observé aucune menace jusqu'à présent, mais nous restons vigilants», a précisé Hariadi.

675 policiers doivent être déployés pour la finale, soit 200 de plus qu'un jour normal, a indiqué le porte-parole de la police nationale Ronny Sompie.

La finale de Miss Monde doit de plus se tenir dans l'enclave ultra sécurisée de Nusa Dua, une station balnéaire dans le sud de Bali qui accueille les sommets internationaux reçus par l'Indonésie.

La colère des islamistes contre Miss Monde ne semble pas être majoritaire en Indonésie, à l'islam largement modéré. Plutôt que de demander l'annulation du concours comme les radicaux le font, certaines musulmanes ont ainsi préféré mettre en place leur propre version du concours de beauté.

Les «Miss Musulmanes» ont ainsi été décernées le 18 septembre en Indonésie. Le titre «Muslimah World» est revenu à une Nigériane après des récitations du Coran, des défilés en voile islamique et des séances de prières.

Les concours de Miss Monde ne sont pas étrangers aux polémiques. En 2002, le concours avait été transféré du Nigeria au Royaume-Uni après la mort de 200 personnes dans des affrontements entre musulmans et chrétiens. Le feu avait été mis aux poudres après la publication d'un article de presse disant que le prophète Mahomet aurait choisi une femme parmi les candidates s'il avait été vivant.

Parmi les 129 candidates qui doivent être présentes à Bali, la France sera représentée par Marine Lorphelin, de Mâcon (est).

Le concours Miss Monde s'était tenu l'an dernier en Chine, pays qui avait remporté le titre avec Yu Wenxia.

La compétition, d'origine britannique, remonte à 1951, s'intitulant à l'époque «Concours bikini». Elle est en concurrence avec le concours américain Miss Univers repris par Donald Trump.