Bienvenue aux bébés allaités

Vous l'avez peut-être remarqué. Un petit autocollant bleu, affiché ici et là, dans une poignée de vitrines de l'arrondissement de Verdun, à Montréal. On y voit une petite famille souriante. Deux parents. Deux enfants. Un des enfants est au sein de sa maman.

Le but? Signaler aux familles que les enfants allaités sont ici les bienvenus. Que les mères peuvent entrer, s'asseoir, nourrir leur enfant, sans avoir l'impression de déranger. Sans, surtout, se sentir obligées d'acheter. 

L'idée, une initiative signée Nourri-Source, un OSBL de soutien à l'allaitement, est, à terme, de créer une Route du lait, un véritable circuit de commerces et autres lieux publics dans la métropole, où les mères se sentiront toujours à l'aise d'allaiter. 

Après Sainte-Adèle aux débuts 2000, La Petite-Patrie à Montréal en 2006, on cible ces jours-ci Verdun, donc. Le lancement officiel de cette initiative de quartier est prévu en octobre, juste à temps pour la Semaine mondiale de l'allaitement. Déjà, 17 commerces se sont engagés à ouvrir leurs portes aux familles : des cafés, des restaurants, une librairie, une SAQ aussi, et évidemment diverses boutiques de produits pour enfants (la page Facebook de Nourri-Source propose une liste complète des commerces participants). 

Parce que non, ce n'est pas toujours évident. Un enfant allaité, ça n'a pas nécessairement faim à heures fixes. Il ne fait pas toujours beau, et les bancs publics ne sont pas toujours libres. Certaines femmes ne sont pas à l'aise en public non plus. Et certains commerçants ne sont pas franchement accommodants. Du tout.

Deux refus sur trois

La preuve? On se souvient, en janvier 2011, qu'une jeune mère s'est fait expulser d'une boutique de vêtements pour enfants, parce qu'elle allaitait, justement. L'histoire a bien fait jaser, à l'époque, relançant notamment le débat de la normalisation de l'allaitement en public. Le président de la branche canadienne de l'entreprise a fini par offrir ses excuses à la mère. Dossier clos? Visiblement pas. 

«Deux commerces sur trois nous ont dit non», témoigne Geneviève Coulombe, chargée du projet chez Nourri-Source. Certains commerces ont refusé de s'engager, plaidant qu'ils devaient «rentabiliser leur espace», d'autres n'ont pas voulu s'afficher comme tel, de peur de voir des femmes allaitantes «entrer comme dans un moulin». 

Il faut dire que la clause «sans obligation d'achat» n'est pas facile à accepter pour tout le monde. «Il faut avoir une vision. Il faut être capable de se dire que même si la femme n'achète rien cette fois-ci, elle aura eu un bon service, elle risque d'en parler, et même de revenir. Mais ça n'est pas tout le monde qui a une telle vision ...»