Nous avons demandé à chaque femme figurant au palmarès des femmes d'influence de La Presse présenté vendredi dans nos pages de nommer une jeune femme de son entourage qui a le potentiel pour devenir à son tour, un jour, une femme d'influence au Québec.

Nous vous les présentons aujourd'hui. Précisons que la juge France Charbonneau n'a pu se prêter à l'exercice, en invoquant son droit de réserve. C'est le jury qui, après en avoir discuté, s'est entendu sur le choix d'une candidate. Quant à la chanteuse Céline Dion, elle a préféré s'abstenir.

CHOIX DE PAULINE MAROIS, première ministre du Québec

À 40 ans, Eugénie Brouillet est un cas exceptionnel: deuxième femme à occuper le poste de doyen depuis la fondation de la faculté de droit de l'Université Laval, en 1850, cette spécialiste en droit constitutionnel et en droits de la personne a occupé le poste de vice-doyenne durant deux ans avant d'être nommée à la tête de la faculté. Seulement trois femmes occupent une telle fonction à l'Université Laval.

En plus de cumuler ces responsabilités, Mme Brouillet est également mère de trois jeunes enfants âgés de 8, 10 et 12 ans. «Je le dis vraiment avec modestie, mais je sais que du seul fait que j'occupe ce poste tout en étant la mère de trois enfants, les autres me voient comme un modèle», observe Eugénie Brouillet.

Jeune femme brillante, reconnue dans le monde pour ses compétences comme constitutionnaliste, elle a publié plusieurs livres en collaboration avec des spécialistes prestigieux. C'est pour toutes ces raisons que Mme Marois l'a choisie comme femme de la relève.

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Eugénie Brouillet

CHOIX DE MONIQUE JÉRÔME-FORGET, auteure de Les femmes au secours de l'économie, ex-ministre des Finances, ex-présidente du Conseil du Trésor

Véronique Mercier dit s'inspirer du modèle de la famille lorsqu'elle dirige une équipe. «Tout le monde a son mot à dire et on doit pouvoir se serrer les coudes quand ça va mal.» Cette jeune femme de 34 ans, mère de deux enfants de 4 et 8 ans, a déjà un bagage impressionnant derrière elle: attachée de presse du premier ministre du Nouveau-Brunswick Bernard Lord, elle a occupé le même poste auprès de la ministre Monique Jérôme-Forget avant d'être nommée chef de cabinet à l'âge de 27 ans.

Candidate libérale défaite dans Taillon en 2006, elle a finalement quitté le monde politique trois ans plus tard pour devenir vice-présidente aux communications de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Aujourd'hui directrice des communications du Groupe TVA, elle estime que l'influence est quelque chose qui s'exerce avec respect. «Il faut faire comprendre sa vision en mobilisant les gens avec qui on travaille, tout en demeurant vraie avec soi-même», affirme-t-elle. Monique Jérôme-Forget, qui joue le rôle de mentor auprès de plusieurs jeunes professionnelles, estime que Véronique Mercier a un immense potentiel et prédit qu'on entendra encore parler d'elle.

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Véronique Mercier

CHOIX DE MONIQUE LEROUX, présidente du conseil et chef de la direction du Mouvement Desjardins

Dans le monde de l'entrepreneuriat, le nom de Nathaly Riverin est bien connu et il a rapidement attiré l'attention de la présidente du Mouvement Desjardins, Monique Leroux. Directrice générale de l'École d'entrepreneurship de Beauce, cette jeune femme est reconnue pour son dynamisme contagieux.

Après des études en économie aux universités de Sherbrooke et de Laval, elle a étudié en administration des entreprises à Aix-en-Provence puis au programme de développement entrepreneurial du prestigieux Massachusetts Institute of Technology. Avant de diriger les destinées de l'École d'entrepreneurship, Mme Riverin a été vice-présidente Recherche, vigie et développement à la Fondation de l'entrepreneurship, professeure adjointe en gestion des PME à HEC Montréal ainsi que directrice de la section canadienne du Global Entrepreneurship Monitor pour la chaire d'entrepreneuriat Rogers-J.-A.-Bombardier de HEC Montréal.

Pour cette femme de carrière qui est également mère de trois enfants, «on ne se lève pas le matin en se disant qu'on veut influencer les gens. C'est plutôt une façon de communiquer ses idées, de travailler en équipe». «Les femmes peuvent être partout où elles veulent, ajoute-t-elle. Encore faut-il qu'elles le veuillent. Il y a des chemins différents, mais c'est toujours une question de choix et cela implique des sacrifices.»

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Nathaly Riverin

CHOIX DE PHOEBE GREENBERG, directrice et fondatrice de DHC/Art et du Centre PHI

L'équipe qui travaille avec Phoebe Greenberg est composée de plusieurs femmes brillantes et allumées. Parmi elles, Emmanuelle Héroux, une fille qui, selon sa patronne, a le potentiel de devenir une femme d'influence au Québec. Fille de Claude Héroux, nièce de Denis, Emmanuelle a étudié en cinéma aux États-Unis. Décidée à tenter sa chance à Los Angeles, la jeune femme a commencé en bas de l'échelle, en allant chercher des cafés sur un plateau de tournage. À force de persévérance, elle a grimpé les échelons jusqu'à la postproduction. Après avoir travaillé sur une série de films réputés, elle a été obligée de revenir à Montréal à cause d'un problème de visa. Il y a deux ans, après un contrat chez Christal Films, elle a rejoint PHI, la boîte de production indépendante de Phoebe Greenberg qui mise d'abord sur l'audace des cinéastes et qui a entre autres produit Next Floor de Denis Villeneuve. « Il faut savoir utiliser l'influence positivement, croit la jeune femme qui s'est donné des objectifs très humains : «Aller chercher le meilleur chez les gens et les respecter en tout temps. »

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Emmanuelle Héroux

CHOIX DU JURY*

Elle n'a pas 40 ans, est mère de quatre enfants et en plus, elle a lancé son propre cabinet d'avocats pour faire les choses à SA manière. Pascale Pageau est de celles qui souhaitent changer le monde afin que la conciliation famille-travail devienne quelque chose de concret. C'est donc pour se créer une vie professionnelle qui répondrait à ses besoins qu'elle a créé son propre cabinet, Delegatus, une aventure qui a débuté dans son sous-sol, mais qui a aujourd'hui pignon sur rue dans le Vieux-Montréal en plus de compter une vingtaine d'avocats et un associé minoritaire. «En créant un cabinet d'avocats, je voulais faire une différence dans le monde des affaires. Je suis très impliquée pour tenter de changer les choses, je siège dans plusieurs comités de femmes, j'organise des événements de réseautage. Cela semble plus naturel pour les hommes d'intégrer les «boys' clubs » et d'aider leurs collègues masculins mais il faut que les filles fondent elles aussi des « girls' club» pour s'aider à avancer. »

* Julie Miville-Dechêne, présidente du Conseil du statut de la femme; Micheline Lanctôt, cinéaste et actrice Denyse Baillargeon, historienne; Mario Girard, directeur principal de l'information de La Presse; Suzanne Colpron, directrice du cahier des Arts de La Presse

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Pascale Pageau

CHOIX DE NATHALIE BONDIL, directrice et conservatrice en chef du Musée des beaux-arts de Montréal

Vous avez peut-être déjà vu Mélanie Joly à l'émission Tout le monde en parle en septembre 2008. Elle y était invitée à titre de cofondatrice de Génération d'idées, une plate-forme de réflexion pour les 20-35 ans. Associée directrice du bureau montréalais de Cohn&Wolfe, agence de communication internationale, la jeune femme de 34 ans est détentrice d'une maîtrise en droit européen et comparé de l'Université Oxford. Elle a pratiqué plusieurs années en litige civil et commercial avant de se tourner vers le domaine des communications. Parallèlement à sa vie professionnelle, Mélanie Joly est aussi très engagée dans le monde des arts : elle siège dans plusieurs conseils d'administration dont celui du musée d'art contemporain de Montréal. «Il y a un vacuum générationnel et j'essaie d'encourager les jeunes à s'impliquer, note celle qui est également à la tête de Sortie 13, un espace de dialogue sur les grands enjeux du Québec. «Mon approche, je la crée. J'essaie d'user de mon autorité pour valoriser les gens. Je crois beaucoup à la motivation positive. »

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Mélanie Joly

CHOIX DE LOUISE LANTAGNE, directrice générale des services français de la télévision de Radio-Canada

Isabelle Sullivan est directrice du développement des affaires chez LVL Studio, boîte de production montréalaise spécialisée dans la conception et le développement de services en télévision et contenu média. Cette diplômée de Concordia a commencé très jeune dans le milieu de la production en travaillant entre autres avec la controversée Anne-Marie Losique, puis chez Toxa et Saint-Jacques Vallée Y&R. Anglophone, parfaitement bilingue, elle est aussi à l'aise à Los Angeles qu'à Montréal et s'est taillé une place enviable dans un milieu masculin qui commence à faire une place aux femmes. «Isabelle est une jeune femme allumée et brillante, souligne Louise Lantagne. Son intelligence, sa détermination, ses connaissances et son style m'ont vraiment impressionnée et je me dis qu'elle a un bel avenir devant elle. J'ai la conviction qu'elle se démarquera dans tout ce qu'elle fera. »

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Isabelle Sullivan

CHOIX DE FRANÇOISE DAVID, présidente et porte-parole de Québec solidaire

Quand Émilie Guimond-Bélanger a rencontré Françoise David dans une manifestation, il y a quelques années, elle était fébrile devant cette militante féministe pour qui elle a beaucoup d'admiration. Elle était loin de s'imaginer que Françoise David, séduite par son talent, allait elle-même insister pour la recruter au sein de son équipe.

À 24 ans, diplômée en travail social de l'Université Laval, cette jeune féministe sans «mais» est responsable de la commission nationale des femmes de Québec solidaire (QS). Son rôle consiste notamment à s'assurer de la présence de femmes dans toutes les instances du parti. Besoin d'une garderie? De coaching pendant la campagne? Émilie Guimond-Bélanger y veille. Elle est aussi membre du comité de coordination national de Québec solidaire, qui décide des grandes orientations du parti. Candidate à deux reprises pour QS, elle travaille en ce moment à la clinique communautaire de défense des droits du Réseau d'aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM).

Son engagement est porté par une soif de justice sociale. «Émilie représente ce qu'il y a de mieux dans la jeunesse québécoise, dit à son sujet Françoise David. De l'audace, de l'intelligence. Le sens du travail d'équipe, la maturité, le courage.»

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Émilie Guimond-Bélanger

CHOIX DE LÉONIE COUTURE, directrice et fondatrice de La rue des femmes

Il y a neuf ans, Louise Waridel a frappé à la porte de La rue des femmes, organisme qui vient en aide aux femmes sans-abri, pour y être bénévole. Elle étudiait à l'époque en beaux-arts. Elle était motivée par une grande quête de sens et un besoin d'être utile.

Elle était aussi attirée par l'atelier d'art-thérapie offert par l'organisme. L'horaire de l'atelier était incompatible avec le sien. «Je vais quand même vous aider. Je vais faire la vaisselle!», a-t-elle proposé.

Un an plus tard, La rue des femmes lui a offert un poste. Louise Waridel, 32 ans, y est aujourd'hui responsable du centre de jour. «C'est comme si c'était ma maison. Je dois m'assurer que tout le monde soit bien.»

Louise Waridel aime découvrir toute l'histoire portée par les femmes qu'elle accueille. «J'aime voir leur marginalité. J'aime voir à quel point on peut être encore vivant même si c'est un "vivant" qui, pour la société normale, ne fonctionne pas nécessairement bien dans un cadre. C'est quelque chose que je trouve beau.» «Louise, c'est le genre de personne qu'on aimerait avoir comme fille, dit Léonie Couture. Elle est curieuse, positive, intègre. C'est une fille qui n'a pas peur d'être elle-même.»

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Louise Waridel