Au Pakistan, il est inhabituel de voir une femme se promener en vélo. Et dans l'espoir d'en finir avec ce cliché social, une vingtaine de femmes ont pédalé vendredi dans les rues de la capitale Islamabad pour célébrer à leur façon la journée de la femme.

Les cyclistes ont parcouru sur quelques kilomètres le trajet entre le marché de Kohsar et la grande mosquée de Faysal, temple aux allures de tente bédouine géante situé aux pieds des monts Margalla, des ballons attachés au guidon, sous le regard ahuri de badauds et de policiers, selon un journaliste de l'AFP.

«C'est une activité modeste, mais nous voulions montrer que les femmes ont le droit de faire du vélo. Ce n'est pas que les filles ne font pas de vélo au Pakistan, mais ce n'est pas accepté dans la culture», explique Masoora Ali, 30 ans.

«Quand j'étais petite je faisais du vélo sans problème, mais au collège on m'a dit d'arrêter car ce n'est pas accepté socialement... Nous rêvons de pouvoir faire du vélo en toute liberté au Pakistan», ajoute-t-elle, un brin essoufflée, devant la mosquée Faysal où des hommes regardent d'un regard amusé et parfois concupiscent ce cortège de femmes.

Au Pakistan, des groupes comme «Critical Mass» organisent des randonnées en vélo le dimanche afin de faire la promotion de ce sport tout en assurant la sécurité des cyclistes sur les grands axes où la circulation relève parfois du pur chaos.

Dans ce pays musulman de 180 millions d'habitants, aucune loi n'interdit aux femmes de faire du vélo ou de conduire une moto, mais il demeure rarissime de voir une femme se déplacer en deux roues. D'ailleurs quelques-unes des participantes à la randonnée cycliste du 8 mars ont emprunté le vélo d'un homme de leur famille.