Pendant la période estivale, la plupart des entreprises françaises acceptent - avec quelques réserves - que leurs employés troquent vestes ou tailleurs contre des tenues plus légères et plus décontractées pour venir travailler.

«L'été, le port d'un short et de tongs est théoriquement possible si le salarié n'est pas en contact direct avec une clientèle exigeant une tenue correcte ou si cela ne compromet pas sa sécurité», explique à l'AFP Sylvain Niel, avocat conseil en droit social.

La décence reste cependant une notion incontournable. Le licenciement d'une aide-comptable, qui après une première mise en garde de son patron, persistait à venir travailler en chemisier transparent et sans soutien-gorge, a ainsi été admis par la Cour de cassation.

Le tribunal avait estimé que le port d'un chemisier transparent était «de nature à susciter un trouble dans l'entreprise».

«Un employeur peut également restreindre cette liberté de tenue vestimentaire pour des impératifs d'hygiène», ajoute le juriste donnant l'exemple d'un ouvrier charcutier qui avait été licencié à cause d'une tenue particulièrement négligée.

«Dans les faits, il y a une grande liberté de tenue vestimentaire au travail. Le seul frein étant l'exigence de sécurité, de santé et d'hygiène», estime Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail et expert en relations sociales.

Le Code du travail stipule que «nul ne peut apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles et collectives de restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir ni proportionnées au but recherché».

En clair, il faut que le patron de l'entreprise puisse justifier d'un motif valable pour remettre en question la tenue de ses employés.

Un code vestimentaire implicite

D'après un sondage du site de recherche d'emploi Monster, quatre personnes interrogées sur cinq (81%) ont déclaré ne pas se voir imposer de code vestimentaire par leur employeur. Cependant, plus de la moitié des salariés avouent rester soumis à des normes implicites et veiller à ce que leur tenue ne nuise pas à l'image de leur entreprise.

Les codes vestimentaires des entreprises sont rarement officialisés sur le papier. Certains secteurs restent cependant plus conservateurs que d'autres comme ceux de la finance et du commerce, d'autres se distinguent par des règles très peu contraignantes : le milieu de la mode, de la publicité et des médias.

«La Banque de France ne pratique pas de code vestimentaire», assure sans sourciller une porte-parole de cette institution. Mais, ajoute-t-elle, «chacun sait ce qu'il doit porter lorsqu'il rencontre des gens de l'extérieur. Venir en tongs [gougounes, ndlr] et en short, c'est quand même très mal vu», ajoute-t-elle.

Fin 2010, la banque suisse UBS avait édicté un code vestimentaire qui demandait notamment aux femmes de porter des sous-vêtements de «couleur chair» et «des parfums discrets». Pour les hommes, le costume devait être de rigueur et de préférence «anthracite foncé, noir ou bleu foncé».

Il va s'en dire que les employés étaient tenus d'éviter «tatouage, piercing» et autres fantaisies comme «des chaussettes à motifs»...

Pour Bernard Vivier, les codes vestimentaires ont beaucoup évolué ces dernières années : «Il y a à peine trente ans, le port d'un pantalon pour les femmes était beaucoup moins répandu et dans certaines entreprises tout simplement impensable».

«Aujourd'hui, le port de la cravate tend à disparaître et beaucoup d'entreprises françaises ont adopté la mode américaine du «Friday wear», permettant aux salariés d'adopter, à l'approche du week-end, une tenue plus décontractée», ajoute M. Vivier.