Plus de neuf millions de jeunes Chinois ont commencé à passer jeudi les examens hyper sélectifs d'entrée à l'université, certains n'hésitant pas à mettre toutes les chances de leur côté avec des perfusions de glucose, des injections d'hormones ou des «nounous» pour les choyer avant l'épreuve.

La concurrence est féroce avec 6,85 millions de places offertes «seulement» en première année pour la cuvée 2012 sur les bancs des facultés chinoises et des places très chères pour les établissements les plus renommés du pays.

Les impétrants ne renoncent à aucun stratagème pour décrocher le «gaokao», précieux sésame pour des études supérieures en Chine.

Des lycéens s'infligent ainsi des injections intraveineuses de glucose pour plancher dans les meilleures conditions physiologiques tandis que des jeunes filles reçoivent une cure d'hormones ou des pilules contraceptives afin de retarder leur cycle menstruel.

«Nous avons vu des filles prendre la pilule pour retarder leurs règles le temps des examens», confirme à l'AFP un gynécologue de l'hôpital Chaoyang de Pékin, sous couvert d'anonymat, à propos de cette méthode utilisée souvent par les sportives de haut niveau pour être «au top».

Les parents les plus aisés ont loué des maisons à proximité des 7300 centres d'examen du pays pour cet examen national prévu jeudi et vendredi. Et parmi eux certains se sont en sus assuré les services d'une «gaokao baomu» (nounou d'examen), dont la mission est de dorloter les étudiants avant et pendant les examens.

«Les nounous sont dûment qualifiées avec au minimum un diplôme universitaire», affirme Jennifer Liu, responsable du marketing chez Coleclub, une agence d'aide ménagère qui propose ce service depuis 2009.

«Elles sont là pour aider les étudiants candidats, elles font la cuisine, la lessive, elles les accompagnent scolairement et les soutiennent au plan mental», explique-t-elle à l'AFP.

Jennifer Liu refuse de parler argent mais selon des informations de presse, la prestation est facturée 4000 yuans (645 $CAN) en moyenne pour une dizaine de jours, qui incluent la préparation à l'examen, une petite fortune en Chine.

«Tous les ans, le marché locatif s'enflamme avant le "gaokao"», constate Jin Guangze, enseignant au lycée expérimental de Pékin, cité par le quotidien officiel China Daily.

Dans la ville portuaire de Tianjin (nord), on loue, moyennant un surcoût de 800 yuans, des «chambres porte-bonheur» dans lesquelles ont séjourné des étudiants admis au concours d'entrée à l'université avec les notes les plus élevées, selon le quotidien China Daily.

Les chambres portant les chiffres 6 - symbole de succès - ou 8 - symbole de santé - sont également très prisées.

Les familles chinoises attachent à la réussite scolaire une grande importance, démesurée, selon des psychologues, et poussent leur enfant, généralement unique, à être performant dans toutes les disciplines dès le plus jeune âge.

Un diplôme universitaire est désormais considéré comme un outil indispensable de la réussite sociale et personnelle.

Les enjeux sont tels que la triche est très répandue et que les bandes criminelles sont aussi à pied d'oeuvre.

Le ministère de la Sécurité publique a annoncé l'arrestation de 1500 personnes et la saisie de 60 000 kits électroniques destinés à la fraude, en particulier des émetteurs et micro-écouteurs.

Pour déjouer la fraude, les autorités universitaires ont déployé des systèmes sans fil de brouillage de signaux, des détecteurs de fréquences radio et des lecteurs d'empreintes digitales pour vérifier l'identité des candidats.