Ce n'est pas tout à fait un livre. Ni un magazine. On n'y trouve pas de publicité. Peu de photos. Mais de longs, longs textes, à saveur sociologique, ethnologique et journalistique. Objectif? L'information, mais surtout la réflexion. Et puis l'humour et le plaisir des mots. Voici Z.a.q., le dernier-né dans le monde de l'édition, à dénicher dans une librairie près de chez vous.

Elle s'appelle Alexandra Schilte et vous ne la connaissez pas. Tout simplement parce qu'elle ne vient ni du monde des médias ni du monde de l'édition. Mais de la lecture, elle en mange. Et un beau jour, cette jeune sociologue de Saint-Liguori, un petit village de 5000 habitants dans Lanaudière, a décidé de réaliser un vieux rêve: lancer un magazine.

Culotée, vous dites? Elle a pris son téléphone, envoyé des courriels. À des collègues sociologues, mais aussi des journalistes respectés, des personnalités inspirantes. Pour la plupart, «je ne les connaissais pas. Ils ne me connaissaient pas», dit-elle, citant Laure Waridel, Patrick Masbourian, MC Gilles ou Josée Blanchette. Et puis elle a exposé son projet. «Moi, je suis une maniaque des revues, des périodiques, dit-elle. Ce qui m'intéresse, c'est de faire une revue socio-pop, sociologique, mais très accessible. Couvrir un sujet, mais sous différents angles. Explorer les variations socioculturelles d'un même thème.»

Le champ d'intéret du magazine? Le quotidien. D'où le nom, Z.a.q., pour Zone d'aménagement du quotidien. «Je veux montrer que le quotidien n'est pas banal. Quand on s'y intéresse, il peut y avoir une réflexion.»

Le tout premier numéro, lancé cet automne, explorait donc le quotidien de la nourriture. Mais attention, pas de recettes ici. Plutôt une analyse sociologique de notre fascination pour tout ce qui a trait au «manger», des réflexions sur la conservation et la transformation, mais aussi des textes de fiction sur l'alimentation, et un questionnaire rigolo avec MC Gilles et son rapport à la bouffe.

Le deuxième numéro, en kiosque depuis le 1er décembre, explore cette fois le toucher, avec à nouveau, un coup d'oeil sociologique sur ce sens mal-aimé, en plus, entre autres, d'un questionnaire amusant sur le rapport qu'entretient Josée Blanchette au doigté.

Et aussi fou que cela puisse sembler, à l'heure des grands conglomérats dans le monde des médias, Alexandra Schilte travaille ici toute seule. «J'ai un seul bailleur de fonds ... ma poche!» dit-elle en souriant. Voilà trois ans qu'elle met de côté ses économies («et je vis assez modestement!», dit-elle, dans sa maison retapée avec son père, entre un champ de patates et une rivière). Après ses journées passées à travailler dans un organisme communautaire de la région, elle planche donc, soirs et fins de semaine, à son projet. Et mis à part l'impression et le graphisme, elle fait tout: l'édition, les relations de presse, la distribution. Elle écrit quelques lignes, mais cherche surtout à céder la parole et la plume à des auteurs, des chercheurs, des artistes et des journalistes de métier. En les rémunérant «symboliquement».

Et non, pour réduire ses coûts, elle n'a jamais pensé publier sur l'internet. «Vous savez, le tandem canapé-revue existe toujours. Oui, ça coûterait moins cher, mais on n'aurait pas le même plaisir à la lecture!» dit celle qui avoue détester lire à l'écran, na pas posséder de téléphone intelligent, et n'avoir de connexion internet à la maison que depuis... deux ans! «J'ai toujours été une fille à contre-courant...»

«Oui, des fois je me couche le soir et je me dis wow, dans quoi je me suis embarquée, avoue-t-elle. Mais je ne suis pas une fille stressée. Je sais que je peux tenir financièrement un an. Après, on verra!».

«Moi j'ai eu un coup de coeur, commente de son côté la journaliste Josée Blanchette. Parce que c'est intelligent et sobre, j'aime beaucoup ça, dit-elle. Cela sort de tous les registres. Et puis c'est reposant de feuilleter quelque chose sans publicité. Ça prend des gens comme elle qui prennent des risques. On ne sent pas la grosse vision économique derrière, et c'est ça qui fait du bien...»

Z.a.q., Zone d'aménagement du quotidien, est publié quatre fois l'an. 13$ le numéro, en vente sur abonnement et dans plusieurs librairies.

Infos: www.zaqeditions.com

Le deuxième numéro, en kiosque depuis le 1er décembre, explore cette fois le toucher, avec à nouveau, un coup d'oeil sociologique sur ce sens mal-aimé, en plus, entre autres, d'un questionnaire amusant sur le rapport qu'entretient Josée Blanchette au doigté.