Chaque semaine, Vivre va à la rencontre de ceux qui ont trouvé le bonheur hors des sentiers battus.

Âge: 41 ans

Profession: cinéaste et propriétaire de la Galerie Roccia

Devise: «C'est une phrase que je répète à mes enfants qui est devenue notre mantra familial: «Le vent tourne toujours.» Autant se rappeler que tout passe, quand ça va mal, que d'en profiter, quand ça va bien.»

Son histoire

«À l'époque où je devais m'inscrire à l'université, j'avais deux grandes passions: les arts visuels et le cinéma. Je me demandais dans quel domaine je devrais me diriger, pour essayer de me rapprocher le plus possible de ce que j'aime. Finalement, j'ai choisi l'histoire de l'art, au grand désespoir de mon entourage qui me disait qu'il y avait davantage de débouchés en communications (mon autre choix). Je leur répondais: «Je ne le sais pas, je suis dans le moment présent et ça me tente.» J'ai donc fait mon bac en histoire de l'art, qui m'a fait passer trois années extraordinaires. T'es formée, tu regardes de l'art, tu comprends l'art, tu l'étudies... J'ai tellement aimé ça! J'ai vu des milliers d'oeuvres et ça m'a nourrie. Par la suite, j'ai décidé de faire une mineure en arts plastiques, me disant que pour comprendre l'art profondément, il faudrait que j'y touche. Finalement, je me suis rendu compte que ma facilité n'était pas d'en faire, mais de le comprendre. Ensuite, j'ai fait des études en cinéma et signé plusieurs films, dont le documentaire La peau et les os, après... Il y a deux ans, j'ai décidé de revenir dans le milieu de l'art visuel et j'ai ouvert ma propre galerie.»

Sa philosophie

«Elle est inspirée d'une phrase qu'un de nos grands amis, le metteur en scène Pierre Bernard, répète souvent à mon compagnon, l'artiste André Desjardins, quand il peint. À un moment donné, il lui disait souvent «sors du cadre». Cette phrase s'applique aussi en affaires et m'amène à me questionner sur la façon de gérer mon entreprise de manière différente. Parce qu'en réalité, gérer une entreprise, c'est de la création. Chaque jour, il faut voir comment on peut aller plus loin, plus haut...»

Comment elle se nourrit artistiquement?

«Je consomme beaucoup! (rire) Quand j'ai eu 40 ans, j'ai pris une grande résolution dans ma vie: celle de me réserver chaque semaine une journée complète. Une fois par semaine, donc, je ne prends aucun engagement, pour aucune raison. Seule, je pars le matin, je reviens en soirée, et je fais ce que je veux. La dernière fois, par exemple, j'ai passé quatre heures dans un magasin à écouter de la musique et ensuite, j'ai vu deux films de suite. Il peut m'arriver aussi de faire toutes les galeries...»

Un coup de cOEur artistique récent

«La sculptrice Nathalie Trépanier (dont les pièces sont exposées à la Galerie Roccia). Elle est arrivée à la galerie à un moment où je me disais que ma collection permanente était complète, que je ne prendrais plus de nouveaux artistes. Mais elle a poussé la porte avec une de ses oeuvres sous le bras, qu'elle a déposée sur son bureau. On a parlé pendant deux ou trois heures et elle n'est jamais partie. Je l'ai prise sous mon aile et j'ai fait un film sur son processus créatif.»

Le dernier livre qu'elle a lu

«The$12 Million Stuffed Shark, un ouvrage qui explique le marché de l'art aux États-Unis et retrace l'histoire de l'art contemporain.»

Son ambition

«Ouvrir une Galerie Roccia en Europe, probablement à Barcelone, et faire plus de films sur les artistes que j'aime.»