Amnuaiporn Maneewan traque les maris volages en Thaïlande depuis plus de 15 ans et en a tiré une philosophie pour le moins tranchée: «Un homme en qui on peut avoir confiance est un homme mort. Tant qu'ils vivent encore, tant qu'ils respirent, ce n'est pas possible».

Caméras miniatures, micros dissimulés dans des stylos ou des clés de voiture, GPS... Avec ses gadgets dignes d'un James Bond en jupon, la chasseuse de maîtresses, 42 ans, est devenue une star locale en dénichant les preuves de l'infidélité des hommes pour le compte d'un cabinet d'avocat de Bangkok.

Des tromperies qui, selon elle, sont de plus en plus courantes. Pour de nombreux Thaïlandais, dit-elle, entretenir une maîtresse - ou «mia noi» - est un droit.

«Ça augmente tout le temps (...). Maintenant, ils n'ont pas qu'une maîtresse, mais deux ou trois», assure-t-elle. «C'est comme une mode. C'est normal. Un homme ne part pas de chez lui sans aller voir une maîtresse». Si elle déplore la tendance, elle en fait ses choux gras en acceptant trois ou quatre nouveaux clients par jour, surtout des femmes, de 20 à 60 ans.

Mais elle assure que sa vocation n'a rien de mercantile. «S'il n'y avait personne comme moi, ces personnes souffriraient pendant longtemps. Moi et mon travail aidons les gens à ouvrir les yeux. Je leur montre la vérité». Certains ouvrent pourtant les yeux sans elle.

Comme Panaa, qui vivait avec son conjoint depuis sept ans lorsqu'elle a découvert qu'il la trompait. Elle s'est mise en quête de sa concurrente et est allée la défier. Mais celle-ci lui a présenté un certificat de mariage et revendiqué la place d'épouse légitime...

«J'ai été choquée parce que je n'aurais jamais pensé être la maîtresse (...). Je pensais être moralement supérieure, mais ce n'était pas du tout le cas», raconte-t-elle.

Le sujet questionne manifestement les Thaïlandais. Ronnachai Kongsakol, psychiatre à l'hôpital Ramathibodi de Bangkok, l'a même évoqué dans un rapport dans lequel il assure que les hauts fonctionnaires sont plus disposés que les autres aux aventures extra-conjugales.

«Ils ont un statut, le pouvoir, de l'argent. C'est suffisant pour s'offrir une autre femme», explique-t-il. Mais les hommes ne sont pas les seuls infidèles: trois appels sur dix proviennent de maris jaloux, note Amnuaiporn. Désormais, la télévision thaïlandaise se délecte de ses anecdotes les plus sordides. La détective aussi jolie que loquace est devenue une célébrité dans le pays.

Elle a même publié un livre - «Détective privée: ils me demandent d'enquêter sur l'adultère"- présenté comme le premier ouvrage de référence sur le travail d'une femme détective. Montrant des photos d'elles dans divers accoutrements, dont une panoplie d'Indien plumes comprises, l'ouvrage dévoile des histoires tirées de son expérience.

Comme celle de cet homme riche, de sa femme et de son amant, tous dignes d'une comédie de boulevard. Alors que l'époux faisait semblant de partir en voyage d'affaires, la femme avait rejoint l'amant dans un hôtel, sans remarquer la filature de la détective.

Le mari avait ensuite frappé à la porte de leur chambre, où l'amant avait affirmé mordicus être seul. Avant que la femme ne soit retrouvée dehors, plaquée «comme un lézard» contre le mur du balcon voisin. L'ouvrage distille également quelques conseils de base pour détecter les infidélités de son partenaire, comme une attention inhabituelle à son apparence ou des voyages d'affaires inattendus à l'autre bout du pays.

Reste que si sa carrière a apporté la célébrité à Amnuaiporn, elle l'a aussi dégoûté du mariage. «J'ai peur de rencontrer les mêmes problèmes. Je pense qu'il est mieux de rester célibataire».