Le slow est né il y a 20 ans en Italie, en réaction à l'ouverture d'une succursale de McDonald's en plein coeur de Rome. Le slow food, première incarnation du mouvement, se veut l'antithèse du fast food. Depuis, ce contre-courant a fait des petits dans de nombreuses sphères de notre vie. En ce début de vacances scolaires, La Presse vous propose un tour d'horizon du mouvement et des trucs pour passer un été tout en «lenteur».

«C'est quoi, ça, le slow food? C'est la cuisine lente? Les mijotés?»

Encore aujourd'hui, près de 25 ans après l'apparition de cette expression d'origine, oui, italienne, on entend encore régulièrement ces questions.

«C'est pour quoi? Pour manger plus lentement?»

Pour comprendre ce qu'est le slow food, il faut se dire, pour commencer, que le concept est né pour exprimer l'opposé du fast food.

La lenteur alimentaire à laquelle fait référence le mot slow - lent, en anglais - n'est pas celle de la cuisson ou de la bouchée, mais bien de tout ce qui entoure et constitue l'acte de manger.

L'expression est née en 1986, quand Carlo Petrini, critique gastronomique italien, a décidé de lancer un vaste mouvement citoyen et gourmand, en réaction à l'ouverture d'une succursale de McDonald's, comble du fast food, sur la piazza di Spagna, en plein coeur de Rome.

Depuis, l'expression a fait toutes sortes de petits et s'est déclinée à toutes les sauces - slow media, slow travel, etc. -, mais ce slow de slow food exprime d'abord et avant tout, au départ, donc, l'antithèse du fast de fast food. Le fast food des chaîne industrielles écologiquement problématiques, où de la nourriture sans âme, souvent mauvaise au goût et pour la santé, est servie par des employés détachés du produit, souvent mal payés.

Le slow food, c'est donc tout ce que l'on prend le temps de préparer et de manger, en utilisant des ingrédients qui ont eu le temps de brouter, de grandir et de pousser.

Une fois l'expression slow food inventée, qu'en a-t-on fait? On a lancé en 1989 un mouvement citoyen. Un «réseau de gastronomes qui partagent les mêmes valeurs et les mêmes devoirs», pour reprendre une des définitions qu'offre Petrini lui-même, dans son manifeste Bon, propre et juste. Éthique de la gastronomie et souveraineté alimentaire (éd. Yves Michel).

En 20 ans, ce «réseau» du mouvement Slow Food est devenu international et s'est diversifié. Partout, des cellules Slow Food régionales et nationales, les «conviviums», sont nées. Slow Food est maintenant présent dans 132 pays - il y a même un «convivium» Slow Food Montréal - et compte 100 000 membres. Il s'est ainsi bâti une communauté de chefs, de consommateurs, de producteurs, de commerçants, tous préoccupés par l'importance de promouvoir, sur la planète, des aliments «bons, propres et justes».

«Bons» comme dans délicieux, savoureux, qui apportent non pas santé ou calories (ou absence de calories), mais bien du plaisir. «Propres» comme dans écologiquement corrects et «justes» comme dans équitables.

Le mouvement Slow Food organise ainsi des salons du goût un peu partout - dont le plus célèbre a lieu tous les deux ans à Turin - où les producteurs slow font savourer leurs produits. Slow Food publie aussi des guides de restaurants et de commerces qui encouragent cette philosophie.

Au Canada, en plus du Québec, Slow Food est actif dans plusieurs provinces, notamment en Ontario et en Colombie-Britannique. Pour connaître les activités Slow Food dans votre région, les informations sont sur le site www.slowfoodquebec.com

Comment être slow food cet été?

En prenant le temps de bien manger et de savourer les aliments. Adieu régimes, lunchs à la course, préoccupations santé ou calories et culpabilité. Prenons le temps de respirer par le nez entre deux bonnes bouchées.

> En boycottant les chaînes de fast food, évidemment. Cela ne veut pas dire qu'il faut faire une croix sur les burgers! Mais on les achète dans des casse-croûte indépendants, où les employés sont payés correctement et où les produits utilisés sont de bonne qualité. Ou alors, on les prépare à la maison, avec du boeuf bio ou naturel, qui n'a pas eu à subir les affres des élevages industriels.

> En boycottant les aliments industriels et en allant, à la place, acheter fruits et légumes, oeufs frais et viandes chez des fermiers indépendants, qui travaillent de façon biologique ou tout simplement naturelle. Attention: plusieurs marchés, qui ont l'air de marchés fermiers, sont en fait des points de revente de produits issus de l'agriculture industrielle et provenant de grossistes.

> En demandant à vos tantes, parents, grands-parents de vous apprendre comment cuisiner certaines anciennes recettes familiales ou régionales, ou comment faire pousser telle variété inusitée de légume ou de fruit. Le slow food vise la préservation du patrimoine culinaire.

> En mangeant des fruits et légumes ancestraux ou de variétés inhabituelles. Le mouvement Slow Food fait la promotion de la biodiversité et lutte contre l'uniformisation des produits végétaux et animaux.

> En ne consommant que des produits de la mer écologiquement durables. Adieu poissons d'élevages industriels - comme c'est souvent le cas pour le saumon de l'Atlantique ou les crevettes - et fini dans l'assiette les thons, espadons, requins et autres espèces menacées...