Pour attirer une clientèle débordée, des psychothérapeutes n'hésitent plus désormais à proposer des consultations sur mesure au bistro du coin, dans votre salon ou au café d'en face. C'est le cas du nouveau concept montréalais «Psycho-to-go». Le nom est accrocheur, mais la méthode est-elle conseillée? Rien n'est moins sûr.

«À ce jour, n'importe qui peut se prétendre psychothérapeute, et ce, même sans formation. Ce peut être très dommageable, indique la présidente de l'Ordre des psychologues du Québec, Rose-Marie Charest. Prendre un café ou luncher avec un client, c'est sortir du cadre professionnel dans lequel la psychothérapie doit s'exercer. On banalise la confidentialité et la distance que l'on doit maintenir face au client. On doit respecter l'intimité des gens, ne pas entrer dans leur vie.»

 

Un psychologue qui aurait une approche similaire serait dénoncé au syndic de l'Ordre des psychologues du Québec. «Il n'y aurait pas nécessairement faute d'éthique, mais il y aurait à tout le moins matière à enquête», note la présidente. Si un client a une phobie de s'étouffer au restaurant, une partie de la psychothérapie peut se dérouler dans un restaurant. «Mais il faut une raison clinique, c'est une exception.»

Les «Psycho-to-go» et autres concepts du genre ne sont heureusement pas encore généralisés, affirme Rose-Marie Charest. Mais pour combien de temps? «Il y a une mentalité de recherche de soulagement rapide qui fait en sorte que ces offres de services trouvent preneur. Mais prendre un café avec un client? Je ne crois pas que ce soit suffisant. Allez-y donc avec un ami, ça vous fera autant de bien!»

L'acte de psychothérapie et le titre de psychothérapeute seront bientôt réservés et ce genre de question ne se posera plus, selon Rose-Marie Charest. Le projet de loi 21 (modifiant le Code des professions et d'autres dispositions législatives dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines) a été adopté le 18 juin 2009. Il entrera en vigueur dans un proche avenir. «En attendant, on peut voir vraiment n'importe quoi.»