Légaliser le cannabis pour renflouer les caisses de l'État: c'est ce que pourrait faire la Californie après un référendum en novembre qui ferait de cet État le premier en Amérique du Nord à légaliser cette drogue douce.

L'usage du cannabis médicinal est déjà permis depuis 14 ans dans cet État de la côte Ouest américaine et suffisamment de signatures ont été recueillies pour que soit organisé un référendum sur la légalisation totale en même temps que les élections de mi-mandat le 2 novembre.

La proposition de loi 2010 pour «Réguler, Contrôler et Taxer le Cannabis» permettra à toute personne de plus de 21 ans de posséder une once (28 grammes) de cannabis et d'en cultiver pour son usage personnel sur une surface maximum de deux m2. Les municipalités et comtés pourront imposer une taxe sur sa consommation.

Les partisans de la légalisation estiment que l'État pourrait engranger des recettes d'un milliard et demi de dollars en taxant le cannabis et économiser un autre milliard, actuellement consacré à l'emprisonnement des personnes ayant été condamnées pour possession de cette drogue. Sans compter, les bénéfices des activités commerciales qui seront liées à ce secteur.

Le débat fait rage alors que les opposants assurent que le cannabis légalisé ne rapportera pas de recettes à la Californie et que son adoption dans cet État, le plus peuplé des États-Unis, risque de rendre plus permissives les lois anti-drogues dans ce pays.

«Avec la récession, les électeurs réalisent qu'on ne peut pas gaspiller de l'argent à enfermer des gens pour quelque chose qui est plus anodin que l'alcool», résume Salwa Ibrahim, un des responsables de «l'université» Oaksterdam d'Oakland, qui enseigne comment cultiver la marijuana et en faire le commerce.

Richard Lee, un militant connu qui a créé cette «école» en 2007, a investi 1,3 million de dollars dans la campagne qui a permis de collecter le nombre de signatures suffisantes pour poser la question par référendum.

«Il y a de plus en plus de partisans de la légalisation», affirme Salwa Ibrahim, soulignant qu'un récent sondage montrait que 56% des Californiens y étaient favorables. «Il n'y a pas de supporteurs type. Ils viennent de tous les horizons, ethnies et cultures», ajoute-t-il.

La guerre sanglante entre les cartels de la drogue au Mexique voisin, qui a fait 15.000 morts en trois ans, fait réfléchir également l'opinion publique, selon lui.

Du côté des opposants à la légalisation, John Lovell de l'association California Peace Officers, est «sûr que cette initiative ne va pas passer».

Selon ce lobbyiste qui représente plusieurs services de police opposés à l'initiative, «l'usage de la drogue va se répandre chez les enfants, les accidents de la route vont augmenter, de même que le crime, et l'État perdra des milliards de dollars».

Pour Zachary Risner de Cannabis Club Network, réguler et taxer le cannabis «est plus censé» que de dépenser des millions de dollars chaque année à arrêter, poursuivre et juger les contrevenants.

Selon des chiffres du FBI, 850 000 personnes sont arrêtées chaque année dans le pays pour délit de possession de marijuana, davantage que pour toutes les autres drogues combinées, dont 78.000 pour la seule Californie, selon le Drug Policy Alliance. Quelque 100 millions d'Américains, soit un sur trois, reconnaissent avoir déjà fumé du cannabis.