Pour le conseiller d'arrondissement Carl Boileau, le sentiment d'appartenance des Français au Plateau-Mont-Royal a commencé lors de la Coupe du monde de soccer, en 1998. Les Français se réunissaient au bar L'Barouf, rue Saint-Denis, rappelle-t-il.

«En 2005, j'ai aussi fait du porte-à-porte comme candidat pour Projet Montréal et je me suis rendu compte qu'il y avait beaucoup de Français, dont un bon nombre qui ne pouvaient pas voter», raconte-t-il.

Élu l'automne dernier, le conseiller d'arrondissement du district De Lorimier est un amoureux inconditionnel du Plateau-Mont-Royal. Il vit dans la portion est du quartier, «qui a survécu à l'embourgeoisement... pour l'instant».

«La sociologie du Plateau change, indique Carl Boileau. Il y a trois sources d'immigration principales: les Français, les anglophones francophiles attirés par la culture du quartier et les plateausards, les gens qui sont en moyens et qui sont à gauche, mais une gauche un peu caviar.»

Marie-Pierre Bouchard a également constaté qu'il y avait plus d'anglophones dans le quartier quand elle est revenue y vivre après 10 ans passés à Vancouver. Elle habite au coin de la rue Marquette et de l'avenue du Mont-Royal. «Même dans l'Est, il y a des anglophones, blague-t-elle. Dans les cafés, on entend parler anglais. Avant, la population du Plateau, c'était essentiellement les artistes francophones.»

À la garderie Roche, papier, ciseaux, rue de Bienville, Jadeen Oozeerally reçoit les enfants d'une dizaine de familles françaises et d'une quinzaine de familles bilingues, dont l'un des parents est anglophone.

La femme de 40 ans ne croit pas qu'il y ait nécessairement plus d'anglophones dans le Plateau. «Je pense qu'il y a plus de couples mixtes. Plus de gens francophones d'origine qui sont en couple avec des non-francophones.»

Mme Oozeerally parle aussi bien français qu'anglais. «Comme dirait mon mari, je suis l'incarnation du rêve de Pierre Elliott Trudeau», plaisante-t-elle.