À la suite de la mort de deux jeunes Québécois, en 2001 et en 2004, après des beuveries dans des bars de Québec et de Chicoutimi, beaucoup d'encre a coulé au sujet de cette pratique. Des données américaines montrent qu'un adolescent sur cinq s'adonne à ces séances, appelées dans les études binge drinking.

L'Institut national sur l'alcoolisme des États-Unis a défini en 2004 ce qu'est le calage, ou la consommation excessive : cinq consommations en deux heures, soit ce qu'il faut pour qu'un homme atteigne une alcoolémie de 0,08. Les deux jeunes Québécois avaient bu beaucoup plus. À Chicoutimi, en 2004, la victime avait fait un century, un concours qui consiste à boire 100 onces de bière (2,8 litres) en 100 minutes (presque neuf bières en moins de deux heures). À Québec, en 2001, la victime avait bu 20 onces d'alcool fort (l'équivalent de 13 consommations) en 30 secondes.Une étude du Centre de contrôle des maladies du gouvernement américain (CDC) a montré en février que parmi les adeptes du calage, aux États-Unis, 60 % boivent moins de huit consommations pendant une soirée et 17 % plus de 10. L'étude n'avait pas tenu compte du délai de deux heures pour simplifier la méthodologie, mais ses auteurs affirment qu'il ne s'agit pas d'un problème. «Boire plus de cinq consommations dans une seule occasion, ce n'est pas normal, explique Timothy Naimi, du CDC. La plupart des gens qui font ça ne vont pas étirer leur consommation sur toute la soirée. Ils vont enfiler rapidement les consommations.»

Pour contourner les problèmes méthodologiques liés au laps de temps, plusieurs chercheurs européens ajoutent, aux questionnaires sur la consommation excessive, la notion d'ivresse. «On ne veut pas savoir seulement le nombre de consommations, mais aussi le résultat», dit Ingeborg Rossow, de l'Université d'Oslo, une institution qui se penche depuis un siècle et demi sur la sociologie de l'alcool.