Guerres, pauvreté, exploitation, dégradation de l'environnement, surconsommation... Le monde est sur une bien mauvaise pente. Mais comment rétablir l'équilibre? Le yogi torontois Michael Stone a sa petite idée là-dessus, qu'il expose dans Yoga for a World out of Balance.

Le deuxième livre de Michael Stone jette les bases de ce que devrait être le yoga d'aujourd'hui et témoigne d'un courant de pensée de plus en plus populaire. En 2010, l'idée de transcendance personnelle sans action sociale est dépassée. Exit l'image du méditant retiré dans sa caverne. La planète a besoin de ces grands sages... et des sages ordinaires.

 

Le yogi engagé est donc retourné aux écrits de Patanjali, celui qui a codifié par écrit la pratique du yoga, il y a environ 2000 ans, puis il les a replacés dans le contexte d'aujourd'hui.

Le Yoga-Sutra de Patanjali articule les huit branches du yoga. De ces huit branches, Michael Stone insistera surtout sur la première, les yamas (observances morales). Chacun des chapitres centraux du livre se concentre sur un des cinq yamas: la non-violence, la véracité, l'honnêteté, la maîtrise des sens et la non-possessivité.

Lorsqu'on lui demande laquelle de ces règles de conduite fait le plus défaut dans la société d'aujourd'hui, il répond sans hésiter: la non-violence.

«La première contient les quatre autres. Il faut d'ailleurs commencer par soi-même. La plupart des gens se jugent beaucoup trop sévèrement. Il faudrait tout d'abord que les gens appliquent cette règle de non-violence envers eux-mêmes. Ce serait un début.»

«Puis, poursuit-il, on pourrait évidemment essayer de penser autrement qu'en noir et blanc, de manière dualiste. Le concept du bien et du mal, ça ne fonctionne pas. Je crois que la principale cause du mal, c'est justement notre entêtement à vouloir l'éradiquer.»

Dans son livre, il donne l'exemple de la pendaison de Saddam Hussein, en 2006, qui n'a fait que perpétuer le cycle de la violence. «Il serait peut-être temps que nous trouvions des manières plus créatives de combattre la violence et l'injustice», croit-il.

Le jeune barbu qui donne des ateliers, des formations et des conférences un peu partout a découvert le yoga quand il était tout petit. Son oncle Ian, grand amateur des Beatles, lui faisait la lecture de l'Upanishad, texte de la spiritualité hindoue. Le professeur principal de Michael Stone est Richard Freeman, un des grands maîtres nord-américains, dont le centre est au Colorado.

Bien qu'il soit très en demande, le cofondateur du Centre of Gravity Sangha, dans la Ville reine, a fait le choix de n'enseigner le yoga qu'un soir par semaine. Il aime prendre son temps et offrir à ses étudiants une pratique d'asanas (postures), suivie d'une séance de méditation guidée et d'une discussion.

«Pour beaucoup de gens, la pratique physique du yoga, les postures, sont une belle porte d'entrée dans le monde du yoga. Mais je trouve néanmoins que l'on met trop l'accent sur la géométrie superficielle de la pratique, au détriment des autres aspects, comme l'éthique, la méditation, la communauté.»

Père d'un garçon de 6 ans, Stone est aussi psychothérapeute. «La psychologie, c'est génial pour nous faire prendre conscience de nos comportements répétitifs. Le yoga, lui, nous permet de nous défaire de ces comportements. Plusieurs personnes qui pratiquent le yoga gagneraient à travailler sur leurs problèmes personnels, alors que ceux qui sont en psychothérapie auraient tout intérêt à aller oublier un peu leurs problèmes personnels sur un tapis de yoga.»

Michael Stone sera chez Naada Yoga ce soir (5540, avenue Casgrain, 514-510-3274), pour donner une lecture publique gratuite. Demain, il animera un atelier de cinq heures au cours duquel il donnera aux adeptes de yoga (débutants comme avancés) des outils leur permettant d'approfondir leur pratique, sur le plan physique, spirituel et, bien entendu, social.