Vous voulez rompre avec votre petit ami(e) mais vous ne parvenez ou ne voulez pas le lui annoncer en face? En Allemagne, Bernd Dressler, patron de l'agence Rupture se charge de le faire à votre place. Contre rémunération.

«Je frappe à la porte, je me présente, je dis que la personne qui me mandate ne veut pas poursuivre la relation amoureuse», résume Bernd Dressler depuis son bureau sans âme aux confins de Berlin. «C'est très simple, ça dure deux minutes. Cela se passe sur le pas de la porte».

Bernd Dressler, la cinquantaine soignée, n'est pas du genre à sortir la boîte de mouchoirs en papiers pour consoler l'amoureux plaqué. Les larmes, les protestations voire les scènes d'hystérie, ce n'est pas pour lui. «Je ne suis qu'un messager», souligne-t-il. «Je ne mets pas un terme aux relations amoureuses. Celui qui y met fin, c'est celui qui passe le contrat avec moi».

Depuis plus de trois ans, cet entrepreneur venu du monde de l'assurance propose ses services professionnels sur internet (www.trennungsagentur.com). «Les agences matrimoniales existent depuis des décennies. Je fais la même chose mais pour la rupture», sourit-il.

Cet entrepreneur, qui a récupéré une idée venue des Etats-Unis, ne travaille que contre paiement préalable et fait signer un contrat de quatre pages à chacun de ses clients. «Je peux ainsi montrer à la personne concernée que ce n'est pas un gag», explique-t-il. L'amoureux qui ne l'est plus doit avancer «trois ou quatre raisons» afin que Bernd Dressler soit en mesure d'élaborer un argumentaire.

La rupture se décline en quatre forfaits aux noms poétiques. Avec «Restons amis» (45,11$), la mauvaise nouvelle est sèchement annoncée par téléphone. «Laisse-moi tranquille» (45,11$) met l'accent sur le fait que le «plaqueur» ne veut plus jamais entendre parler du «plaqué». «Rompre par écrit» (60,20$) propose comme son nom l'indique la rédaction d'une lettre. Enfin, opter pour «Rompre personnellement» (97,87$) revient à envoyer Bernd Dressler sur les lieux pour annoncer de vive voix la fin de l'histoire. Le ton sera ferme ou compatissant, selon les consignes.

En Allemagne où l'on compte 57 divorces pour 100 mariages (contre 54 en France et 71 en Belgique, par exemple), le marché de la séparation fleurit au point que le premier salon du divorce devrait se tenir cette année à Düsseldorf (ouest).

Avocats spécialisés dans les divorces, conseillers financiers mais aussi responsables de sites de rencontres et nutritionnistes devraient se réunir pour cette foire de la rupture.

Des états d'âme? Bernd Dressler n'en connaît pas. Le sale boulot, ce n'est pas lui qui le fait. «Ma voisine de travail est une huissière de justice. Quand elle doit expulser des gens de chez eux ou même saisir leurs meubles, c'est une intervention beaucoup plus difficile», juge-t-il.

C'est majoritairement madame qui fait appel à ses services. Ou mademoiselle, car la clientèle est plutôt jeune, entre 18 et 35 ans. «Pour moi ce serait inimaginable d'engager quelqu'un pour annoncer à ma place que je veux rompre», reconnaît M. Dressler. «Mais je suis d'une autre génération. Je crois que les jeunes d'aujourd'hui ne se sentent pas responsables».

«On est dans une société de 'je prends, je jette'. On boit une canette de coca, on la jette! Mon partenaire ne me convient plus, j'en cherche un autre!», dénonce-t-il.

Bernd Dressler a pensé à tout. Les amoureux, qui n'osent pas s'excuser pour une quelconque action malveillante ou une parole outrancière, peuvent cliquer sur «pardonne-moi24.de» («verzeih-mir24.de»). Bernd Dressler se propose d'aller demander pardon à votre place...