Un essai d'une molécule ciblant plus particulièrement les nouveaux modes de consommation excessive d'alcool est actuellement mené en France, dans le cadre d'une étude européenne, a expliqué mardi un spécialiste.

Cet essai «cible les patients qui n'ont pas encore développé une alcoolo-dépendance sévère, avec une consommation majeure quotidienne et une dépendance physique, mais qui décrivent spontanément un dérapage de leur consommation d'alcool après 3 ou 4 verres», a indiqué à l'AFP l'alcoologue Philippe Batel (Hôpital Beaujon - AP-HP), responsable de l'étude en France.

L'objectif est d'inclure 200 patients en France, dans 20 centres différents. «On en a inclus 100 pour l'instant, dont 25 à Beaujon, donc on n'est qu'à la moitié du travail», a indiqué le Dr Batel.

La moitié des patients de cet essai, dont les grandes lignes avaient été présentées en juillet dernier, prendra par voie orale le nalméfène, un antagoniste des récepteurs opioïdes, et l'autre moitié un placebo.

Le nalméfène «est une molécule très proche d'une molécule déjà sur le marché dans le traitement de l'alcoolo-dépendance, la naltrexone», a précisé le spécialiste.

«On est dans un objectif de réduction de la consommation, alors que jusqu'à présent il n'y avait de la place que pour l'abstinence totale et définitive», a indiqué le Dr Batel.

«L'idée est de bloquer les récepteurs opioïdes, parce qu'on pense que ce sont eux qui créent l'emballement de l'envie de boire», a-t-il expliqué.

«Cela s'adapte beaucoup mieux à la modification des modes d'alcoolisation», a-t-il estimé, rappelant qu'il y a «une tendance aujourd'hui à une alcoolisation décrite comme anglo-saxonne, concentrée sur les périodes de détente».

L'essai clinique, sur une durée de 6 mois, associe un médicament à «un soutien psychothérapique et une approche motivationnelle», a-t-il souligné.

«Le critère de jugement est le fait d'avoir réduit sa consommation d'alcool», a-t-il précisé, tablant sur une réduction «entre 30 et 50%».

La molécule «n'a pas d'effet psychotrope, ni anxiolytique, ni antidépresseur, et ne dégoûte pas de l'envie de boire», selon le spécialiste. 20% des patients présentent des effets secondaires (nausées, petites sensations de vertiges, et somnolence) en début de traitement.

Un numéro vert permet une présélection des patients intéressés (0805 88 99 00).

Les résultats de l'essai sont attendus pour 2011.