Encore aujourd'hui, malgré les différentes mesures visant à faciliter la conciliation entre le travail et la famille, le fait d'avoir la charge d'un enfant change davantage la participation au marché du travail des femmes que celle des hommes.

Cette constatation ressort d'une étude de l'Institut de la statistique du Québec intitulée «Le marché du travail et les parents», publiée récemment.

De façon générale, au cours des dernières décennies, le fait d'avoir la charge d'un enfant semble avoir de moins en moins d'impact sur la participation des femmes au marché du travail.

Ainsi, le taux d'activité des mères, qui était en 1976 de 35,9 pour cent a atteint 80,7 pour cent en 2008. Il a donc plus que doublé.

Le taux d'activité des femmes sans enfant a aussi augmenté durant la même période, mais dans une proportion moindre, soit de 71,8 à 87 pour cent.

Chez les hommes, c'est l'inverse. Le taux d'emploi des pères a toujours surpassé le taux d'emploi des hommes sans enfant, avec des taux respectifs de 89,8 et de 81,6 pour cent en 2008.

Donc, «la présence d'enfant(s) exerce une pression à la baisse sur le taux d'emploi des femmes, mais à la hausse sur celui des hommes», écrit l'Institut de la statistique dans son étude, réalisée par Sandra Gagnon, analyste en statistiques du travail.

Le troisième enfant

L'étude démontre aussi que les taux d'activité et d'emploi diminuent considérablement après l'arrivée d'un troisième enfant. Entre les personnes qui n'ont pas d'enfant et celles qui en ont deux, il n'y a presque pas de différence. Lorsqu'il y a trois enfants ou plus, la situation change... mais essentiellement pour les femmes.

Ainsi, le taux d'activité des femmes de 25 à 44 ans atteint 87,4 pour cent lorsqu'elles n'ont pas d'enfant, 82,4 pour cent lorsqu'elles ont un enfant, 81,7 pour cent lorsqu'elles ont deux enfants, mais chute à 71 pour cent lorsqu'elles ont trois enfants ou plus.

À titre de comparaison, le taux d'activité des hommes de 25 à 44 ans est de 88,3 pour cent lorsqu'ils n'ont pas d'enfant, de 94 pour cent lorsqu'ils ont un enfant, de 95,5 pour cent lorsqu'ils ont deux enfants et de 93,6 pour cent lorsqu'ils ont trois enfants ou plus.

Etrangement, chez les hommes, ce sont ceux qui n'ont pas d'enfant qui participent le moins au marché du travail.

«De façon générale, la présence d'enfant diminue la participation des femmes (au marché du travail) et accroît celle des hommes», conclut l'Institut de la statistique du Québec.

L'Institut relève un autre phénomène intéressant: les mères travaillent moins souvent à temps partiel qu'auparavant.

En 1976, le travail à temps partiel atteignait 26,8 pour cent chez les femmes. En 2008, il était passé à 19,4 pour cent.

Reste que le travail à temps partiel est trois fois plus fréquent chez les femmes que chez les hommes.

L'étude révèle également d'autres faits intéressants, comme celui voulant que les parents soient plus sujets à être travailleurs autonomes que les «non-parents» et plus sujets à travailler dans le secteur public.

De même, les mères sont aussi plus susceptibles que les pères de travailler à bas salaire.

Aussi, les horaires de travail plus courts ou plus longs que la norme sont plus fréquents chez les parents que chez les non-parents.

Fait à noter, cette étude porte sur les adultes de 25 à 44 ans et l'expression «non-parent» englobe tant ceux qui n'ont pas d'enfant que ceux qui ont des enfants mais plus âgés que le groupe d'âge analysé, qui est de 12 ans et moins.