Une étude de Sue McIntyre semble indiquer que les prostitués masculins sont souvent laissés pour compte et ne reçoivent pas d'aide pour se sortir de leur condition.

L'auteure de l'étude, intitulée «Under the Radar: The Sexual Exploitation of Young Men», avait déjà fait des recherches approfondies sur le sort des prostituées, mais elle s'est aperçue que les hommes qui se prostituent sont trop souvent négligés.Même lorsque des programmes d'aide existent, comme c'est le cas dans différentes villes qui oeuvrent auprès des travailleurs du sexe, ils sont habituellement davantage conçus en fonction des besoins des femmes, dit-elle.

Mme McIntyre a rencontré 157 prostitués masculins du Manitoba, de la Saskatchewan, de l'Alberta et de la Colombie-Britannique. Elle a constaté que pour la plupart de ces hommes, les rapports sexuels rémunérés sont une stratégie de survie, qui leur assure suffisamment d'argent pour se nourrir, se loger, se vêtir et payer leur alcool ou leur drogue. Plusieurs sont homosexuels, mais d'autres n'ont de rapports sexuels avec des hommes que dans le cadre du travail. Plus de 99 pour cent de leur clientèle est masculine, et ils travaillent neuf ans en moyenne dans le métier, soit deux fois plus longtemps que leurs homologues féminines.

«Les jeunes femmes peuvent donner naissance, elles peuvent avoir le souhait d'avoir un enfant, ce qui leur ramène l'appui de leur famille et le soutien de l'Etat. Les jeunes hommes ne disposent pas de cette option», constate Mme McIntyre.

Soixante-quinze pour cent des hommes interrogés ont déclaré avoir été victimes d'agressions sexuelles et 85 pour cent, d'agressions physiques avant de s'enfuir de chez eux. Ils ont déclaré ressentir de la honte et du dégoût pour eux-mêmes. Des travailleurs sociaux oeuvrant auprès des prostitués ont par ailleurs avoué être mal à l'aise avec eux.

Mme McIntyre a conclu que les jeunes prostitués masculins n'ont aucune porte de sortie à leur disposition, et recommande la mise sur pied de programmes spécialisés pour aider les prostitués masculins à quitter le métier, incluant des centres de désintoxication et de réadaptation, des logements et de l'aide pour trouver d'autres emplois.

Le rapport de Mme McIntyre suggère aussi des programmes de mentorat, et ajoute que le personnel qui travaille auprès de ces jeunes hommes devrait être sensibilisé à la situation des travesti et autres personnes sexuellement non conformistes.