En une heure et pour une cinquantaine de dollars, il est possible de se procurer en Chine un faux diplôme universitaire, mais les chances de leurrer un employeur ou une université étrangère ont diminué avec la chasse au trafic menée depuis le début des années 2000.

Tout comme le certificat de mariage ou le permis de conduire, le diplôme est l'objet de trafics dans ce pays où le sport de la contrefaçon ne s'arrête pas aux sacs Hermès, aux chaussures Tod's ou aux systèmes d'exploitation Windows.

Les mesures mises en place par la Chine ont permis de limiter la triche et de nombreux diplômes contrefaits sont décelés par des procédures d'authentification.

Mais les allégations sur un trafic de diplômes destinés à des étudiants chinois dans plusieurs universités françaises, si elles se confirmaient, feraient écho à une pratique encore largement répandue en Chine, où l'accès aux études supérieures est très sélectif et le diplôme un sésame pour faire carrière.

Dans certains quartiers, on trouve affichés sur les murs des dizaines de numéros de téléphone de faussaires que la répression du trafic a juste repoussés en dehors du centre des mégapoles.

À Pékin, on peut retrouver l'un d'eux en banlieue, lui donner son identité et sa photo. Il revient une demi-heure plus tard avec le diplôme demandé, entre 200 et 300 yuans (de 35 à 55 $ CAN) pour une licence ou une maîtrise, en fonction de la renommée de l'université, dont «le tampon» figure sur le faux.

En prime, il fournit bulletins de notes et même mémoire.

«J'ai eu un faux diplôme de l'Institut de Commerce de Pékin en 2001 pour 100 yuans», déclare un jeune cadre. «Je l'ai eu après une trentaine de minutes d'attente devant l'entrée d'une ruelle où habitaient beaucoup de travailleurs migrants».

Mais depuis la mise en place de systèmes antifraude informatisés par le ministère de l'Education, les provinces ou les établissements d'études supérieures eux-mêmes, il est bien plus difficile d'être recruté par l'administration chinoise avec un diplôme contrefait.

Un nombre croissant d'entreprises et universités étrangères accueillant des Chinois contrôlent aussi systématiquement l'authenticité des diplômes.

«Toutes les pièces sont vérifiées. On trouve quelque 3 à 4% de faux diplômes» chez les candidats à des études en France, explique un familier des procédures.

«Avant 2003, le faux diplôme en Chine, on l'achetait au coin de la rue», poursuit cette source. En 2002, le ministère de l'Éducation avait estimé à au moins 500 000 le nombre de personnes en possession d'un faux diplôme.

Puis, «tous les pays développés ont mis en place des procédures», la Chine aussi, avec «des organismes que l'on peut interroger» sur l'authenticité des diplômes, poursuit cette source.

Directrice d'un des trois départements chargés des certifications au ministère de l'Education, Li Ping indique avoir «de plus en plus de demandes d'authentification, surtout pour les personnes qui veulent aller poursuivre des études à l'étranger».

«L'an dernier nous en avons eu 30 000, soit une hausse de 54%», dit-elle.

Mais toutes les entreprises privées ne vérifient pas les diplômes, loin de là.

Et en 2004, la presse avait fait état de sites de vérification «contrefaits», dont le nom de domaine était très proche des sites officiels.

Il existe aussi en Chine de vrais diplômes accordés à de faux étudiants.

Tel fonctionnaire dont la carrière est bloquée faute de diplôme prestigieux, peut ainsi, en faisant jouer ses relations, s'inscrire à un cycle d'études supérieures et, sans jamais suivre les cours, décrocher le sésame.

Son unité de travail paie ses frais d'inscription, et les universités, soucieuses d'augmenter leurs revenus, délivrent le diplôme. Sans qu'il y ait eu versement de pot-de-vin.