Les récessions rendent les modèles de Playboy plus maternelles. Elles sont légèrement plus âgées, plus grandes, ont des courbes plus généreuses et des yeux plus petits. Quand les temps sont durs, les hommes ont tendance à rêver de compagnes plus rassurantes qu'excitantes.

Telle est la conclusion d'un psychologue américain qui a analysé les «playmates de l'année» du magazine pornographique entre 1960 et 2000. «Lors d'une crise économique, l'âge moyen des playmates augmente d'un à trois ans», explique Terry Pettijohn, du collège Mercyhurst, à Erie en Pennsylvanie, qui est l'auteur principal de l'étude parue dans le Bulletin de psychologie sociale et de la personnalité. «Ça évoque davantage l'idée de maternité. Les hommes ont moins envie de risque, de jeunes femmes avec qui ils n'auront pas d'enfants, quand ils craignent pour leurs revenus et leur emploi.»

 

Les modèles récents sont en effet moins jeunes qu'en 2007 et en 2008. En 2009, elles avaient 23, 24, 25 et 29 ans, alors qu'en 2008, la moitié d'entre elles avaient 21 ou 22 ans. L'âge moyen de l'échantillon de M. Pettijohn, qui allait de 1960 à 2000, était de 22 ans.

L'effet sur la taille, les hanches et les yeux était tout aussi important. «Ça peut paraître étrange, parce que les hommes ont tendance à préférer des femmes moins grandes qu'eux, note le psychologue américain. Mais lors des récessions, les playmates ont tendance à être plus grandes. Des études ont montré qu'entre deux femmes de taille différente, la plus grande est considérée plus fertile par les hommes. Alors je pense qu'on fait simplement augmenter la taille moyenne des playmates. On ne verra pas davantage de femmes très, très grandes.»

L'étude de M. Pettijohn a essuyé un bon nombre de critiques. «La plupart contestaient la validité des playmates comme reflet des désirs des hommes, dit-il. Ça peut certainement se discuter. Mais avec 12 millions de lecteurs réguliers, Playboy est représentatif d'un nombre appréciable d'hommes américains.»

Un autre psychologue, Gregory Webster, de l'Université de Floride, a refait l'étude de M. Pettijohn avec d'autres types d'indicateurs économiques, et des indicateurs reflétant plus généralement l'opinion publique. «J'ai trouvé une relation entre la taille des bustes des playmates et l'indice Dow Jones, mais pas avec d'autres indicateurs économiques, dit M. Webster. Le lien est beaucoup plus fort avec des indicateurs comme la Doomsday Clock, qui mesure le temps qu'il reste à vivre à l'humanité. Après les attentats du 11 septembre, les playmates ont eu tendance à être plus maternelles. Les désirs des hommes ne sont pas régis seulement par les angoisses financières.»