Crimes de haine, harcèlement à l'école, risques de licenciements accrus: les Européens ne font pas assez pour combattre l'homophobie «largement répandue» et qui reste sous-estimée en raison de la peur des victimes de porter plainte, selon un rapport publié mardi.

De nombreux lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels «sont victimes de discrimination, d'intimidation et de harcèlement», voire «d'agressions physiques, parfois mortelles», a dénoncé à Bruxelles Morten Kjaerum, directeur de l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne.

«Ces signaux sont alarmants dans une Union européenne qui revendique par ailleurs avec fierté le respect en son sein des principes d'égalité de traitement et de non-discrimination», a-t-il ajouté lors de la publication d'un rapport demandé par le Parlement européen.

Cette étude montre que la discrimination envers les homosexuels, dont sont victimes en particulier les jeunes, commence dès l'école, où les enseignants ne sont pas formés pour «identifier et affronter ces problèmes».

«Le harcèlement est un phénomène commun à l'école», conduisant les victimes «à de mauvais résultats scolaires» et même parfois «à une sortie du système éducatif», a expliqué M. Kjaerum.

Des problèmes qui pourraient être atténués si les programmes scolaires «n'ignoraient pas la question de l'orientation sexuelle», a estimé l'Agence.

Les discriminations dont les homosexuels font l'objet également dans le système de santé, qui dans ses «mauvaises pratiques» va jusqu'à considérer leur homosexualité comme «un trouble ou une maladie», les poussent à ne pas y recourir. Ce qui conduit à «un taux élevé de suicide», à une santé mentale fragile et parfois à la toxicomanie.

Sur les lieux de travail, «des expériences désagréables, la crainte de la discrimination, le risque de licenciement» entraînent souvent les homosexuels à ne pas divulguer leur orientation sexuelle, a aussi noté le rapport.

Mais ce qui inquiète particulièrement l'Agence, c'est que tous ces incidents ne sont pas signalés.

Cette situation, liée notamment à un manque de formation des policiers, conduit à une «sous-estimation» des crimes homophobes.

Pour changer les choses, l'Agence recommande aux gouvernements de «prendre des mesures concrètes visant à sensibiliser et former les services de police» pour qu'ils enquêtent sur les crimes homophobes «avec le même degré d'exigence et de qualité que pour d'autres formes de criminalité».

Elle suggère également de mettre en place des systèmes de signalement de ces crimes plus simples et s'il le faut anonymes, pour au moins pouvoir les comptabiliser, même si les victimes ont peur de porter plainte. Un système qui existe déjà à titre expérimental aux Pays-Bas ou à Copenhague.

D'autre part, si l'Agence se refuse à faire une classification par pays, ses conclusions montrent que certaines discriminations sont plus répandues dans les pays de l'Est, entrés le plus récemment dans l'UE.

Le rapport note ainsi que dans plusieurs Etats, les pouvoirs publics n'ont «pas pu ou pas voulu assurer la sécurité des participants» aux défilés des «Gay pride». Entraînant des violences ces cinq dernières années en Bulgarie, République tchèque, Estonie, Hongrie, Italie, Lettonie, Pologne, Roumanie et Suède.

En outre, en Bulgarie, en République tchèque, à Chypre, en Hongrie, en Italie et à Malte, «les appels au renforcement des droits des lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels se sont heurtés à des réponses hostiles de la part de certains hommes politiques».

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